Après le
mécontentement des membres d’AMORC parce qu'ils n’ont pas pu voir le mystérieux
M. Verdier et le Mage Suprême, et ayant comme seule preuve de la légitimité d’AMORC
une lettre plus que douteuse, ils lui demandèrent à Spencer Lewis de leur
donner des preuves plus légitimes sur l'autorité qu'il avait pour fonder AMORC.
Lewis leur annonça
qu'il allait demander aux plus hautes autorités rosicruciennes de France de lui
envoyer des documents de reconnaissance et de parrainage pour leur montrer aux
membres américains.
Et quelque
temps après à travers l'une de ses publications, Spencer Lewis informa aux
membres d'AMORC qu'il avait reçu un document de parrainage de l’Ordre rosicrucien
français, émis le 30 septembre 1915 :
Cet avis a été
publié dans le magazine The America Rosae
Crucis de juillet 1916 (p.15) et il dit entre autres choses :
« Cet important document écrit sur du
papier spécialement fabriqué et filigrané de l'Ordre français, est signé et
recouvert du sceau de l'actuel Grand Maître Suprême de l'Ordre en France et de
ses officiers, ainsi que le Grand Maître qui à l'époque avait initié
l'Imperator américain dans l'Ordre.
(Mais
il ne donne pas les noms de ces rosicruciens.)
Les signatures,
dont certaines appartenaient à des hommes éminents des affaires militaires et
gouvernementales françaises, sont accompagnées et marquées de leurs sceaux
officiels correspondants, de différentes tailles et formes, et rendent ce
document unique et attrayant.
(Cette
affirmation est très délicate, surtout si l'on tient en compte que cette
année-là, la France était en guerre avec Allemagne.)
Suspendu au
document se trouve l'un des sceaux les plus curieux de l'Ordre, fait de cire et
de papier, à l'ancienne, portant des marques et des mots étranges et
inintelligibles.
Ce document
était fermé dans une enveloppe en métal léger et résistant à l'humidité.
L'enveloppe
était cachetée et portait le sceau de l'Ordre national français ou du Conseil
suprême gravé sur le métal de la boîte, et portant non seulement les timbres poste
nécessaires, mais aussi d'autres signes d'ordre militaire avec les notes d'approbation
et d'examen à l'étranger. »
_ _ _
Ce document n'a
jamais été montré aux membres d'AMORC, Lewis a seulement publié une
photographie peu visible dans un texte de présentation d'AMORC intitulé L'Initiation Rosicrucienne (1917).
Ce document est
difficile de trouver, mais heureusement pour les chercheurs intéressés sur
cette question, AMORC a par la suite donné son autorisation à une maison
d'édition espagnole, Éditorial Roch, de publier plusieurs ouvrages d'AMORC en
espagnol, et il s'avère que l'un de ces ouvrages, Le Manuel Rosicrucien, à la page 24 contient également cette image,
et à continuation nous vous montrons le fac-similé de la publication en
espagnol :
Sous l'image
est écrit :
« Photographie du document original
dans lequel l'Ordre Rosicrucien de France a parrainé AMORC aux États-Unis avec la
Prononciation RCRF 987'432. Il a été envoyé dans une sorte de boîte en bronze
et a été signé et scellé par les principaux dignitaires de l’Ordre Rosicrucien
de France. Il est adressé à notre Imperator H. Spencer Lewis et constitue un trésor puisqu'il a été examiné et
vérifié par le premier Suprême Conseil de l'Ordre des États-Unis. »
Mais cette
affirmation est fausse parce que personne en dehors de Spencer Lewis n'a pu
examiner ce document, et lequel a mystérieusement disparu puisqu'on n'en a plus
jamais entendu parler. Par conséquent nous ne savons pas ce que disait ce
« manifeste si important signé par les plus hautes autorités gouvernementales
et militaire de France et avec les signatures et sceaux de deux Grands Maîtres
Rosicruciens ».
Cependant,
aujourd'hui nous avons l'aide d'une meilleure technologie afin que nous
puissions faire des amplifications, des analyses et des comparaisons. Alors
faisons-le commençant par agrandir l'image :
Cet
agrandissement nous permet de voir un peu mieux mais on ne trouve rien de
militaire ou de gouvernemental, sauf peut-être le timbre en bas à gauche où
apparaît un triangle avec un R à l'envers et un F, ce qui laisse penser qu'ils
sont peut-être les initiales de la République française, bien que de façon très
étrange car dans aucun document français je n'aie jamais vu le R à l'envers, et
encore moins à l'intérieur du symbole utilisé par AMORC, qui est le triangle
inversé.
Il est vraiment
très douteux que le gouvernement de la République française ait envoyé ce
document à Spencer Lewis avec son parrainage engagé pour une organisation
américaine «rosicrucienne», puisque le gouvernement français se maintient très
éloigné de toute organisation religieuse, mystique ou ésotérique pour garantir
sa neutralité, donc ça n’a aucun sens qu’il ait été si bienveillant envers AMORC.
Et si l'on
prend en compte qu'à cette époque-là la France était débordée puisqu'elle se
trouvait en pleine Première Guerre mondiale, ce document a encore moins de
sens.
Et pourquoi
envoyer ce document par le courrier au lieu de le faire par la valise
diplomatique, étant donné la sensibilité du thème, et plus encore en temps de
guerre, ce qui éveillerait des soupçons dans les services postaux français et
américains, mais aussi dans les services de renseignements de la France et des
États-Unis ?
Ces réflexions
et le fait que Lewis ait évité à tout prix montrer ce document rendent très suspecte
son authenticité.
On observe
également que les cachets de ce que doit être le document, et les cachets en
relief de l'enveloppe et du colis ont été retouchés. Ça c'était une technique
très utilisée au début du XXe siècle pour corriger les images et qui consiste à
modifier des négatifs à l'aide d'encre pour ajouter ou effacer des objets.
Voyons
maintenant un agrandissement de l'étiquette du destinataire du colis et dans
lequel malgré la mauvaise qualité de l'image on peut voir que le colis fut adressé
à H. Spencer Lewis.
Et c'est
justement en voyant mieux l'étiquette du colis où figure l'adresse postale de
M. Lewis, que l'on découvre l'un des charlatanismes les plus éhontés et
grossiers de Spencer Lewis, et cela explique pourquoi il n'a jamais voulu
montrer le document original à personne et qu’AMORC n’a plus publiée cette
photographie.
Et pour que
vous puissiez en percevoir la supercherie, nous reproduisons ci-dessous l'image
de la « Charte » délivrée et signée par Lewis à la Grande Loge d'AMORC
de New York et qui apparaît dans toutes les éditions du Manuel Rosicrucien.
On peut voir
que dans la marge inférieure droite se trouve la signature de H. Spencer Lewis.
Maintenant, à
l'image de l'étiquette du colis postal où se trouve l'adresse postale de M. Lewis,
nous mettons en bas la signature de Lewis, et le résultat est le suivant :
Et nous notons
avec une véritable stupéfaction que l'écriture de Lewis correspond à l’écriture
de l'adresse postale sur l'étiquette du colis, et face à cette preuve nous ne
pouvons que supposer que Spencer Lewis s'est envoyé lui-même ce colis !!!
C'est une
erreur si grossière qu'aucune des personnes qui ont examiné ces photographies
ne peut comprendre comment Lewis a pu être si maladroit, et sûrement quand
Lewis a pris conscience de son erreur, il a rapidement fait disparaître les
preuves et c'est pour cette raison que la photographie ne s'est plus reproduite
dans les livres d’AMORC, car plus d'un se serait rendu compte de l'étonnante
coïncidence qui existe entre l'écriture de Lewis et la lettre de l'adresse à
laquelle le colis est destiné.
~ * ~
Et ceci est un exemple de plus de l'immense charlatanisme
de Spencer Lewis.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire