Avis : j'ai écrit dans d'autres langues de nombreux articles intéressants que vous
pouvez lire traduits en français dans ces liens:
Partie 1 et Partie 2.


LES MAÎTRES HONORENT À SPENCER LEWIS

 
 
L'une des constantes d'Harvey Spencer Lewis, le fondateur d'AMORC, ce sont ses continues contradictions arrosées de grandes doses de fantaisie qui le font souvent tomber dans de gros mensonges, ce qui ne serait pas grave s'il était quelqu'un sans responsabilités d'aucune sorte, mais quand il s’agit d’un individu qui dirige un mouvement qui guide un grand nombre de personnes, alors là oui de telles contradictions constituent quelque chose de désastreux parce qu'elles désorientent ceux qui croient de bonne foi en cet individu.
 
Et si ces fantaisies se manifestent dans de faux documents, alors l'affaire est d'autant plus grave parce qu'il y a là une évidente intention de tromperie, et cela montre un manque de scrupules de la part de cet individu qui n'hésite pas à falsifier des documents pour pouvoir convaincre les gens même si faire cela c'est complètement frauduleux.
 
C'est le cas de Spencer Lewis qui a falsifié beaucoup de documents, et l'un des plus curieux parmi les nombreux qu'il a produits (puisqu'il n'a pas cessé de chercher la reconnaissance et les honneurs qui pourraient lui servir pour impressionner les gens) est « la Charte de la Grande Loge Blanche ».
 
Ce document s'est produit lorsque Lewis, après avoir vécu un échec retentissant lors de la deuxième convention d'AMORC tenue l'été de 1918 à New York, un grand nombre de membres étaient sceptiques quant aux histoires qu'il leur racontait.
 
L'absence d'explications crédibles en ce qui concerne la disparition des fonds des obligations de 6% pour l'achat et la restauration de la propriété de la chanteuse Lily Langtry et l'arrestation subséquente de Lewis, cela lui avait entraîné une perte considérable de membres, et c’est ce qui a causé que Lewis accepta l'offre d'un confiseur allemand du nom de Willem Reisener, qui devint son protecteur et paya le transfert de l'organisation AMORC à San Francisco en 1919, et là-bas Lewis entra en contact avec un curieux personnage.
 
Ralph Lewis, le fils de Spencer Lewis, raconte dans son livre Mission Cosmique Accomplie que cet individu était un anglais âgé, un prêtre bouddhiste qui s'était lié d'amitié avec son père et avec qui il passait de nombreux après-midi dans son bureau à parler de philosophie et psychologie bouddhiste ; et que Lewis par sympathie avait accepté de recevoir une consécration honorifique en tant que prêtre bouddhiste.
 
Mais la réalité est complètement différente puisque ce vieil homme était en réalité d'origine persane et se faisait appeler « évêque Masananda » (curieux titre pour un bouddhiste) de « l'Église du Dharma » (curieux nom pour une institution bouddhiste).
 
Cet excentrique personnage a dit qu'il agissait en tant que « le Grand Hiérophante pour le monde occidental de la Grande Fraternité Blanche du Tibet » (ce qui sonne fortement à de la charlatanerie) et se faisait également appeler Sri ELMM Kahn, et c'est ainsi qu'il signait les lettres et les documents qu'il émettait.
 
 
Le fait est que le 17 août 1920, « l'évêque Masananda de l'église du Dharma » ordonna à Spencer Lewis comme prêtre de ladite église, et à Lewis lui conféra le nom mystique de « Sri Sobhita Bhikku ».
 
Et pour immortaliser l’événement, un certificat a été délivré, lequel nous reproduisons à continuation :
 
 
 
 
Le texte dit ceci :
 
G W B L
 
Ce sont les initiales de Great White Brotherhood Lodge qu’en français signifie « Loge de la Grande Fraternité Blanche »
 
Au nom de KAR-GYA-PA, le vénérable fondateur de la G W B L dans les montagnes sacrées du Tibet, et au nom de ses successeurs apostoliques, tels que Narpa, Mila-Ba-Pa, Om-Rah-Mah, Kar-Ma-Baksri, Kar-Ma-Pa, etc.
 
Suit alors un texte en Hébreu :
 
 
Puis dit :
 
Par cette proclamation nous faisons connaître que selon les instructions, décrets, pouvoirs et commandements de la G W B L dont le signe et le nom secrets sont révélés dans ce document, investi du droit, de l'autorité et seule permission d'agir en tant que Prélat, Maître et Chef secret pour le monde occidental, le soussigné Messager de Lumière et nous qui avons signé et scellé ce document, instituons et établissons dans le monde occidental, pour et pendant l'ère du Verseau, la section de la G W B L qui sera et continuera étant un corps actif avec tous les privilèges de la section, d'accepter et d'être en mesure d'admettre dans ses membres intimes qui ont été jugés dignes, au bord des degrés de cet Ordre reconnu et approuvé, afin de leur conférer les droits et pouvoirs de la G W B L et d'être affilié à la Section occidentale de la G W B L
 
Et ce document proclame également la nomination du révérend bien-aimé et respecté Sobhita Bhikku, ordonné par moi le 17 août 1920, en Californie, aux États-Unis, connu dans le monde sous le nom de Harver Spencer Lewis, Ph. Dr. qui est également certifié et honoré par l'Académie indienne des sciences, Inde, en tant que notre successeur dans le rôle de prélat et chef secret de la G W B L selon la succession apostolique, à la mort du soussigné.
 
Signatures.
 
En date du 20 octobre 1920 AD 2508 AB 3273 RC à San Francisco, Californie, États-Unis.
 
Témoins : Maud Moore, Willard Moore, Columba H. Reisener.
 
_ _ _
 
 
Ce document a été publié pour la première fois en septembre 1933 dans le magazine Rosecrucian Digest d'AMORC et est considéré comme l'un des cinq documents importants qui soutiennent l'authenticité de Spencer Lewis, cependant une simple analyse de ce document jette de sérieuses doutes sur sa légitimité.
 
La première chose que nous pouvons remarquer est que la charte a été publiée le 20 octobre 1920, soit trois jours après l'ordination en tant que prêtre bouddhiste de Lewis. Et on se demande :
 
Pourquoi n'a-t-elle pas été publiée le même jour ?
 
Et tout porte à croire qu’il s’agissait d’une initiative ultérieure de Lewis qui voulait lui servir de reconnaissance et d’honneur pour les activités de propagande qu’il faisait.
 
Deuxièmement, la charte est en anglais et il n'y a pas un seul symbole ou lettre en Tibétain, ce qui n'a aucun sens si l’on considère que c’est un document qui a été soi-disant émis par de grands maîtres du Tibet.
 
Et non seulement il n'y a rien en Tibétain, mais il a une série d'inscriptions en Hébreu, ce qui fait que ces « Tibétains » qui ne mettent pas un seul mot en Tibétain, par contre ils connaissent bien l'Hébreu.
 
Et ils aimaient tellement écrire en Hébreu qu’à l'intérieur de l'étoile à six branches, qui est également connue comme l’étoile de David ou le sceau de Salomon, et qui apparaît dans la marge inférieure gauche, il y a aussi une série de lettres hébraïques.
 
 
Il aurait été préférable pour Lewis et son ami de prétendre que la charte avait été publiée par une loge d'adeptes kabbalistiques, car cela aurait rendu leur tromperie plus crédible.
 
De plus, une croix enroulée par un serpent apparaît au-dessus du document, qui est un symbole alchimique européen mais qui n'a jamais été utilisé au Tibet.
 
 
Dans le joint central situé au milieu des lettres G W B L il y a une croix qui est un symbole chrétien, mais ce n'est pas un symbole Tibétain du tout.
 
 
Au centre, il y a une croix ansée qui est un symbole égyptien mais qui n'a jamais été utilisé dans aucun des documents tibétains.
 
 
Le document parle beaucoup de « la succession apostolique » ce qui est un terme chrétien, non pas tibétain, mais en plus voyons ce que dit sur ce point Madame Blavatsky puisqu’elle a été en contact avec les maîtres du Tibet :
 
   -  "La succession apostolique est une fraude" (Isis Dévoilée II, p.544)
 
 
Et après avoir constaté tout cela, nous nous demandons pourquoi ces « adeptes tibétains de la Grande Loge Blanche du Tibet » qui sont les plus hautes intelligences spirituelles de l'humanité, ils font une "Charte Constitutive" avec un fouillis contradictoire de mots, de sens et de symboles. Et sans pas un seul symbole ou mot en tibétain, mais à la place ils mettent beaucoup de lettres hébraïques et le texte est dans un anglais parfait ???
 
Tout cela ressemble à de la fraude. On a l’impression que Lewis a mis ces symboles et ces mots hébraïques simplement pour impressionner à ses partisans, et la fraude est encore accentuée par la typique mégalomanie de Lewis puisque dans ce document les « adeptes de la Loge Blanche le nomment : Héritier, Prélat et Chef Secret ».
 
Cependant pas si secret puisque tous ses nouveaux titres ont été rapidement révélés par AMORC afin que les gens sachent que Lewis était le « vénérable représentant de la Grande Fraternité Blanche ».
 
* * *
 
Voyons maintenant ce que Spencer Lewis a dit à propos de la Grande Loge Blanche dans son Manuel Rosicrucien, parce que cela vous permettra de mieux le positionner et de constater à quel point Lewis était capable de déformer ses propres enseignements quand cela lui convenait.
 
« Il y a beaucoup d'autres Maîtres, certains sont sur le plan cosmique en train d'accomplir leur travail en attendant une prochaine incarnation, d'autres sont sur ce plan terrestre dirigeant le travail physique alors qu'ils se développent pour la période du plan cosmique.
 
Sous sa garde, dans chaque incarnation, un certain nombre de hauts initiés sont préparés pour accomplir un travail supérieur dans une incarnation suivante, et certains d'entre eux se voient assigner le devoir, le service et le travail réel d'accomplir les offices des Imperators, Mages et Hiérophantes dans les diverses branches des organisations de la Grande Fraternité Blanche, dont l'Ordre Rosicrucien est le plus élevé.
 
Ces Imperators, Mages et Hiérophantes des divers pays, avec les Maîtres, composent la Sainte Assemblée de la Grande Loge Blanche.
 
La Grande Fraternité Blanche, d'autre part, est l'école ou la fraternité de la Grande Loge Blanche, et chaque véritable étudiant sur le sentier se prépare à être admis dans cette fraternité invisible de membres visibles.
 
N'oubliez pas : la Grande Fraternité Blanche n'a pas un lieu de rencontre visible, ses membres ne se réunissent jamais physiquement, donc toute organisation sur le plan terrestre qui se présente comme la Grande Fraternité Blanche est fausse (voir L'Illumination Divine et L'Œuvre des Grands Instructeurs à la page 181).
 
C'est pourquoi la véritable préparation dont nous parlons et qui a pour objectif d'être enfin admis, par l'initiation cosmique, à cette Grande Fraternité Blanche. Alors le Maître apparaîtra au disciple qui est prêt, et le prendra sous son instruction personnelle et va le guider vers un développement supérieur, où un jour, il atteindra la Maîtrise dans la Grande Fraternité Blanche et l'affectation du service. »
(p.172, éd. 18)
 
 
C'est un peu confus tout ce qu’a écrit Lewis, mais en résume il dit que quand on reçoit une initiation cosmique ou spirituelle, on devient un membre de la Grande Fraternité Blanche, mais qu'il s'agit d'une organisation qui n'a pas de centres ou lieux de rencontre dans le monde physique, et si quelqu'un dit le contraire, alors cet individu est un menteur.
 
Et un peu plus loin dans ce manuel, Lewis réitère ceci à nouveau puisqu'il a écrit :
 
« On observera, bien sûr, que la Grande Fraternité Blanche et la Grande Loge Blanche n’ont aucune organisation visible. Ils ne se réunissent jamais en session commune, leurs membres ne se réunissent en aucune assemblée, ils n'ont pas de temple connu sur la terre ; et ils n'ont pas des rituels terrestres, des lois, des organisations physiques ou de forme matérielle. »
(p.181)
 
 
Et comme vous pouvez le constater, Spencer Lewis avec ce diplôme contredit tout ceci que lui-même a écrit, puisque s'il n'y a pas de centres de réunion, de cérémonies, de temples, etc. Alors qu'est-ce que c’est cette « Charte » et quelle valeur réelle a-t-elle si elle contredit ce que Lewis lui-même prétendait enseigner ?
 
 
Le fait est que ce montage que Lewis a inventé a provoqué un grave incident parmi les membres européens du rite maçonnique Memphis Misraim. Cela s'est produit lorsqu'un groupe d'entre eux, dirigé par Arthur Rombaud et l'avocat belge, Jean Mallinger, se sont séparés de la matrice française du Rite maçonnique de Memphis Misraim, dirigé par le Grand Maître Constant Chevillon.
 
Ils l’ont fait parce que Lewis est intervenu dans l'affaire et il a déclaré qu’en vertu des « pouvoirs conférés par la Charte de la Grande Loge Blanche du Tibet », il reconnaissait le droit à la séparation.
 
Mais plus tard lorsque Arthur Rombaud apprit en quoi consistait cette « Charte » en vertu de laquelle il s'était séparé en faisant confiance à Lewis, il eut tellement honte qu'il a démissionné de son poste de Grand Maître de Memphis Misraim et se retira de toute activité ésotérique associative.
 
 
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Et ceci est un exemple de plus de l'énorme charlatanisme de Spencer Lewis.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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