À
cette question, Maître Pastor a répondu ceci :
Dans votre vie quotidienne vous faites des expériences,
vous avez des heurts, des problèmes, c’est une perpétuelle confrontation avec
d’autres forces, avec d’autres états d’esprit, d’autres états de conscience,
d’autres blocs.
Tout ceci est comme un théâtre, un terrain où chacun a le
droit de faire sa découverte de la manière qu’il le souhaite et comme il le peut.
Et c’est pour cela que comme je l’ai déjà dit, il ne faut pas que vous espériez
ou que vous vouliez un monde parfait, Ça c’est inutile.
Un monde parfait n’a plus de valeur parce que l’individu
ne peut ni apprendre, ni exercer sa liberté pour apprendre quelque chose. C’est
comme s’il existait une immense université, avec tous les fonds qu’il faut pour
cela, avec les meilleurs professeurs, les meilleurs instruments, les meilleurs
livres, mais qui n’accepterait pas des élèves à former, mais seulement des
élèves qui ont déjà tout compris.
Vous comprendrez bien que dans cette université-là, aucun
élève ne rentrera parce qu’en fait, il n’y aura que les professeurs qui seront
capables d’y entrer, ceux qui ont donc déjà compris. Mais une école, une
université n’est pas là pour enseigner à ceux qui savent. Elle n’a pas cette
fonction. La fonction d’une école est justement d’accueillir à ceux qui ne
savent pas, et forme une structure pour leur apprendre, et cette structure est
animée par ceux qui savent.
Et autant qu’ils le peuvent, les professeurs essayent de
maintenir le calme pour que les élèves puissent avoir un milieu où apprendre. Mais
vous connaissez bien l’ambiance des classes, vous savez que les élèves se
comportent de façon bizarre même si le professeur arrive avec son autorité. Il
y a des élèves qui malgré tout ne veulent rien apprendre, et d’autres qui
apprennent très vite et avec bonne volonté.
He bien, le terrain de la terre est exactement comme
celui-là, une école, avec par-ci, par-là, clairsemés tout autour du globe, des
professeurs, des disciples, des initiés, des messies qui arrivent cycliquement
pour enseigner aux hommes comment vivre. Mais ensuite, à l’intérieur de l’école
(qu’est la terre) les individus sont libres d’apprendre et d’expérimenter ce
qu’ils ont appris comme ils le veulent. Car c’est là, est tout l’intérêt de
l’incarnation.
Si vous étiez sur une terre où tout était réglementé pour
avoir une histoire qui ressemble à un monde parfait, un monde idéal, eh bien personne
ne serait heureux, parce que personne ne pourrait expérimenter ce qu’il est, même
s’il doit expérimenter une erreur. Et là, les plus jeunes me comprendront,
parce que vous savez combien il est capital d’expérimenter, même une erreur.
Ils se disent :
« Même si je dois me tromper, je veux le faire quand même, parce que c’est
ma vie, parce que je veux bouger, parce que je veux être. »
Et si un Dieu quelconque au nom de l’autorité ou au nom
d’un monde parfait se mettait à édicter des lois qui empêchent cette
expérimentation : « tu ne feras pas ceci, tu ne feras pas cela ». Alors
l’individu ne pourrait même pas évoluer.
Donc rien ne sert de mettre en place un plan d’évolution
si on ne donne pas à l’homme la liberté d’évoluer, donc la liberté d’agir, la
liberté de faire.
Alors, vous allez me dire :
« Mais si sous le prétexte de qu’on doit évoluer, on doit disposer de
la liberté d’action, la liberté de faire des erreurs, si sous ce prétexte-là on
doit endurer les erreurs des autres, même dans les cas les plus dramatiques où
l’on risque sa propre vie, comme c’est le cas vis-à-vis de l’assassin, du
violeur, du voleur, du terroriste, etc. est-ce qu’il ne faudrait pas que Dieu
intervienne tout de même pour protéger les autres ? »
C’est naturellement une grave question, et ne croyez pas
que les guides, les maîtres ou le conseil suprême négligent cette question-là.
Absolument pas. Mais le fait est que, la loi du karma existant, une erreur qui
porte un très fort préjudice contre quelqu’un, dans une autre vie, celui qui a
porté préjudice va rencontrer le même type de préjudice qu’il a porté
autrefois, et celui qui subit le préjudice, va au contraire être favorisé d’une
aide supérieure qu’il n’aurait pas méritée en d’autres cas.
Ce n’est pas qu’on donne un ticket bonus.
« Tiens, puisque tu as reçu alors que ce n’était pas prévu, puisque tu as
souffert alors que ce n’était pas ton tour, on te donne un ticket pour avoir
droit à un bonheur dans ta prochaine vie. »
Non, ce n’est pas une compensation légère. C’est vraiment
l’œil divin qui descend et qui prend en considération la situation, et qui
essaie de rembourser par puissance dix, mille, et deux mille l’erreur qui a été
supportée.
Maintenant, la loi du monde étant équilibre et les guides
étant si nombreux auprès des hommes et des individualités, que généralement
ceux qui ne méritent pas du tout ne sont jamais face à de tels événements. Ce
qui ne veut pas dire qu’ils ne vont pas les subir, mais ils ne vont pas en
souffrir. Car là aussi il y a une autre loi que l’individu doit apprendre s’il
veut vivre correctement, et c’est le détachement.
Pour un individu X subir par exemple un vol, cela va
représenter la pire des catastrophes parce qu’il va se dire :
« J’ai tellement travaillé pour m’acheter la télévision, le magnétoscope,
les lits, le divan, et je me suis tellement privé. Pourquoi dans cette société
existe-t-il des méchants, qui prennent plaisir à venir tout vous
dérober ? »
Et c’est les grands pleurs qui commencent, et je
comprends que cet individu ressente cela.
Mais pour un autre individu avec une conscience plus
éveillée, je ne parle pas d’élévation mais simplement d’éveil, il va se
dire :
« Bon, c’est un fait, ce n’est pas plaisant du tout, il va falloir tout
recommencer, mais j’ai la force, je suis un être vivant et j’écrase ce malheur,
je ne lui permets pas de me détruire jusque dans ma moralité. Que le voleur
emporte les bijoux, qu’il emporte les télévisions, les frigos, les tables tout
ce qu’il veut, mais à moi cet événement ne me détruit pas. »
Qu’elle est l’importance de cette réaction ?
Car vous allez me dire que c’est très facile à imaginer,
mais on ne voit pas ce que cela peut rapporter, et quelles réparations cela
amène ?
Eh bien, agir comme ça, cela opère sur tous les plans.
Parce que cela prouve le sens que l’individu donne à la vie. Il y a celui qui
se plaint d’avoir été volé et qui ne vit donc que par rapport à ce qu’il
possédait. Il vivait par rapport à son magnétoscope, il vivait par rapport à sa
télé, par rapport à la couleur de son divan, au bois précieux du lit de sa
chambre, à sa tapisserie, etc.
Et il y a l’autre, celui qui reconnaît que ce n’est pas
très agréable d’avoir été volé, mais il vit d’après les véritables lois et il
sait que la véritable vie est en lui. Elle n’est pas dans le magnétoscope qu’il
possédait, ni dans la télé, ni dans les beaux meubles qu’il avait achetés. Tout
cela n’était que des accessoires momentanés. Sa véritable vie et sa véritable
valeur, sa véritable richesse sont en lui, et c’est là la différence.
Si vous voulez vivre d’une manière libre il ne faut plus
vivre d’après ce que vous possédez. Si vous vivez d’après ces clichés-là, d’après
ces valeurs-là, forcément dès que l’on vous vole le magnétoscope, ou dès qu’il
tombe en panne, votre vie s’arrête aussi. De même si vous investissez les
valeurs et le sens de votre vie dans votre entreprise, dès que votre entreprise
fait faillite, automatiquement, votre vie fait aussi faillite.
Si vous l’investissez dans la société, dès que la société
est en mouvement, parce qu’elle doit changer et qu’elle s’écrouler avant de
renaître, alors vous aussi vous vous écroulez, parce que vous positionnez le
sens et les valeurs de la vie sur quelque chose qui est toujours à l’extérieur
de vous et non pas en vous-même.
Vous utilisez donc toujours d’autres jambes que les
vôtres pour faire la marche qui doit se faire sur la surface du monde. Et si je
n’ai pas mon ami, si je n’ai pas ma femme, si je n’ai pas mon mari, si je n’ai
pas mon père, si je n’ai pas mon psychiatre, mon médecin, ceci, cela, je ne
sais plus vivre.
Mais pour vivre, il faudrait d’abord se trouver dans un
dénuement le plus complet, et je souhaite que chacun se trouve suffisamment
longtemps dans la pauvreté la plus grande pour qu’il retrouve une clarté
d’esprit. Cette société dans laquelle vous vivez actuellement a apporté de
grandes et de bonnes choses, mais aussi de choses très mauvaises. Et justement
elle a permis trop à cause de la consommation, le déplacement de la notion des
valeurs, de la notion de la vie.
Autrefois un homme était heureux parce qu’il était face à
sa terre, parce qu’il travaillait sa terre, parce qu’il voyait les saisons
défiler et il travaillait en rapport avec ces saisons-là. Il y avait un
équilibre, une harmonie. Il était heureux du fruit de la terre, il l’aimait, et
la terre le lui rendait. Il y avait la vibration de la vie, la vibration de
l’amour.
Mais cela n’est pas suffisant pour évoluer, c’est
certain, il faut aussi apprendre sur tous les plans, que ce soit de manière
scientifique, spirituelle ou ésotérique, mais sans négliger la notion de la
vie, et c’est ce que l’homme néglige actuellement.
Alors il fait des substitutions. Il commence par se
dire : je suis si j’ai un métier, ou je suis si j’ai épousé tel
homme, je suis madame un tel, madame la présidente, madame la générale, etc. Je
suis si j’ai tant d’argent, je suis si j’ai mon appartement à la mode, je suis
si j’ai une voiture de luxe, etc.
L’homme a déclenché comme cela de nombreux clichés qui au
lieu de lui apporter une sécurité et un bien-être, lui apportent la névrose, la
schizophrénie, le manque d’énergie, la peur, la crainte et finalement font
basculer la société.
(Conférence du 27.06.87)
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