Sur
ce qui se passe lorsque l'humain entre dans le kama-loka, qui est la zone
intermédiaire entre le ciel et la terre, et qui correspond à peu près à ce que
les chrétiens appellent «le purgatoire», William Judge a expliqué ce qui suit :
(Remarque
: j'ai ajouté mes commentaires entre parenthèses pour rendre l'explication
donnée par William Judge plus explicite.)
« Ayant parcouru d'une
manière générale tout le domaine de l'évolution des choses et des êtres, nous
allons considérer maintenant les états de l'homme après la mort du corps et
avant la naissance. Ceci amène aussitôt les questions suivantes :
Existe-t-il un ciel ou un enfer et que sont-ils?
Sont-ils des états ou des lieux ?
Peut-on les trouver en un point déterminé de l'espace vers lequel nous
allons ou d'où nous venons ?
Il est aussi nécessaire de reparler du quatrième principe
de la constitution de l'homme, celui du désir ou des passions, appelé kama en
sanskrit.
Si nous ne perdons pas de vue ce qui a été dit sur ce
principe, ni ce qui a été enseigné sur le corps astral et la lumière astrale,
il nous sera plus facile de comprendre les enseignements au sujet des deux
états ante et post mortem.
En suivant l'ordre chronologique nous entrons, après
avoir quitté le corps, d'abord en kama-loka (ou le plan du désir), puis les
principes supérieurs, l'homme réel, passent ensuite dans l'état de devachan.
Après avoir traité le sujet de kama-loka il nous sera
plus facile d'étudier la question du devachan.
QUE SE PASSE-T-IL AU MOMENT DE LA MORT ?
Lorsque le souffle quitte le corps, nous disons que
l'homme est mort, mais ce n'est là que le commencement de la mort; elle se
poursuit sur d'autres plans.
Quand le corps est froid et que les yeux sont clos,
toutes les forces du corps et du mental se précipitent à travers le cerveau, et
la vie entière qui vient de se terminer s'imprime, par une série de tableaux,
d'une manière indélébile dans l'homme intérieur, non seulement dans ses grandes
lignes, mais jusqu'en ses moindres détails, jusqu'aux impressions les plus
légères et les plus fugitives.
A ce moment, bien que tous les symptômes fassent décréter
la mort par le médecin, et bien qu'à tous points de vue la personne soit morte
à cette vie, l'homme réel est à l'œuvre dans le cerveau et, tant que sa tâche
n'y est pas terminée, la personne n'a pas quitté ce monde.
Cette œuvre solennelle achevée, le corps astral se
détache du corps physique, et l'énergie vitale s'étant retirée, les cinq
principes restants se trouvent sur le plan de kama loka.
Par suite de la séparation naturelle des principes,
provoquée par la mort, l'homme entier se trouve en trois parties.
Premièrement : le corps visible qui, avec tous ses
éléments, est abandonné sur le plan terrestre où il poursuit sa décomposition,
et où tout ce qui est composite se désagrège et restitue avec le temps les
éléments aux différents domaines physiques de la nature.
Deuxièmement : le kama-rupa (composé du corps des
passions et des désirs) qui, sur le plan kamique commence à se désagréger.
Troisièmement : l'homme réel (la triade supérieure d'Atma-Buddhi-Manas)
non sujet à la mort, maintenant hors des conditions terrestres et privé de
corps, commence à fonctionner en devachan uniquement comme un mental revêtu
d'un vêtement très éthéré, dont il se dépouillera quand sonnera l'heure de son
retour sur terre.
Observation: les instructeurs théosophiques ne
parlent pas de plans d'existence, mais de lokas, et pour transférer leur
explication sur les plans d'existence, il faut effectuer tout un travail
d'interprétation. Par conséquent, considérez ce qui suit :
Les êtres
humains sont composés par sept principes qui sont :
Et ces
principes interagissent dans trois zones d'existence qui sont :
- Le monde divin (le Devachan) qui est composé des plans atmique, bouddhique et mental.
- Le monde terrestre qui est composé du plan physique et de sa contrepartie subtile (qui est composée par le plan astral et le plan énergétique).
- Et au milieu se trouve le plan kamique qui sert de pont entre ces deux mondes.
La triade
supérieure reste dans le monde divin, et lorsque le corps physique meurt, ce
qui reste du quaternaire inférieur est :
- le mental inférieur
- le corps du désir
- le corps énergétique et
- le corps astral
- le
corps physique -
Le quaternaire
reste dans la partie subtile de la terre (c'est-à-dire dans le plan astral)
jusqu'à ce que le corps énergétique termine son cycle et meurt aussi,
provoquant ainsi la désintégration rapide du corps astral.
Et ce qui reste
du quaternaire inférieur après cela est :
- le mental inférieur et
- le corps du désir
Ce duo va
monter au plan kamique, et là-haut la personne va se diviser en deux. Sa partie
bonne va monter dans le monde divin pour se réintégrer avec sa triade
supérieure (atma, bhuddi et le mental supérieur). Tandis que sa partie mauvaise
va rester dans le plan kamique en tant qu’un déchet astral où elle va se
désintégrer progressivement.
QU'EST-CE QUE LA KAMA-LOKA?
Kama-loka — ou le lieu du désir — est la région astrale
qui pénètre et entoure la terre. En tant que lieu, il est sur la terre, en elle
et autour d'elle, et s'étend à une distance mesurable de celle-ci, mais les
lois ordinaires qui prévalent ici-bas n'existent pas là, et les entités qui s'y
trouvent ne sont pas sujettes aux mêmes conditions d'espace et de temps que
nous.
Considéré comme état, il est métaphysique, bien que ce
caractère métaphysique se rapporte au plan astral. Du fait de sa relation avec
le quatrième principe on l'appelle le plan du désir, la force qui règne sur ce
plan étant le désir dépourvu d'intelligence et séparé d'elle.
C'est une sphère astrale intermédiaire entre la vie
terrestre et la vie céleste. Sans aucun doute elle est à l'origine de la
théorie chrétienne du purgatoire, où l'âme fait pénitence pour le mal accompli
et d'où elle peut être libérée par la prière et autres cérémonies ou offrandes.
(Remarque: le mot astral ou kama-loka est
utilisé ici pour désigner la zone intermédiaire entre le ciel et la terre, et
donc imaginez l'astral comme une maison à deux étages: l’étage d’en bas est le
plan astral et l’étage d’en haut est le plan kamique.)
Le fait caché derrière cette superstition est que l'âme
peut être retenue en kama-loka par la force énorme d'un désir inassouvi, et
qu'elle ne peut se débarrasser du vêtement astral et kamique avant que ce désir
ne soit satisfait soit par un être sur terre, soit par l'âme elle-même.
Mais, si la personne était pure d'esprit, avait des aspirations
élevées, la séparation des principes s'achèvera rapidement sur le plan astral,
permettant ainsi à la triade supérieure d'entrer en devachan.
Étant la sphère purement astrale, kama-loka participe de
la nature de la matière astrale qui est essentiellement terrestre et
diabolique, et là toutes les forces agissent sans être dirigées par une âme ou
une conscience.
C'est, pourrait-on dire, le crassier du grand fourneau de
la vie, prévu par la nature pour l'élimination des éléments qui ne peuvent
trouver place en devachan; aussi doit-il comporter de nombreux degrés dont chacun
était connu des anciens.
En sanskrit ces degrés sont appelés loka ou lieux, dans
un sens métaphysique. La vie humaine présente une grande variété de caractères
et d'autres potentialités, et chacune de ces caractéristiques est pourvue d'un
lieu approprié après la mort. Faisant ainsi de kama-loka une sphère infiniment
variée.
Durant la vie, certaines différences qui existent entre
tes hommes sont modifiées, et certaines neutralisées, par une similitude de
corps et d'hérédité, mais en kama-loka les désirs et passions cachés sont tous
déchaînés par suite de l'absence de corps; aussi cet état est-il bien plus diversifié
que le plan de la vie.
Il est nécessaire de pourvoir non seulement à toutes les
variétés et différences naturelles, mais aussi à celles dues aux circonstances
qui ont provoqué la mort, dont nous parlerons plus loin.
Toutes ces différentes divisions ne sont que le résultat
naturel des pensées nourries pendant la vie et à l'heure dernière par les
mourants.
Ce serait dépasser les limites de cet ouvrage que de
décrire tous ces degrés, d'autant plus que leur description demanderait des
volumes et que seul un petit nombre de lecteurs comprendrait.
LE CORPS DU DÉSIR
Aborder le sujet de kama-loka nous force à examiner en
même temps le quatrième principe selon la classification de la constitution de
l'homme, et cela nous expose à un conflit avec les idées et l'éducation
modernes au sujet des désirs et des passions.
On suppose généralement que les désirs et les passions
sont des tendances inhérentes à l'individu, aussi l'étudiant ordinaire les
considère-t-il comme tout à fait vagues et irréels. Mais, dans ce système
philosophique, les passions et les désirs ne sont pas simplement inhérents à
l'individu ni dus au corps per se.
Tant que l'homme vit sur terre, les désirs et les
passions — le principe kama — n'ont pas de vie séparée et distincte de l'homme
intérieur et astral, car ils sont, pour ainsi dire, répartis à travers tout son
être. Cependant, comme ils fusionnent avec le corps astral après la mort, en
formant ainsi une entité qui, bien que privée d'âme, vit un temps déterminé,
des questions très importantes surgissent.
Pendant la vie terrestre les désirs et les passions sont
guidés par le mental et par l'âme; après la mort ils agissent sans être dirigés
par leur ancien maître. Durant notre vie, nous sommes responsables de nos
désirs, de nos passions et de leurs effets et nous continuons à en être
responsables après avoir quitté cette vie, car, aussi longtemps qu'ils
subsistent sous forme de l'entité que j'ai décrite (le kama-rupa), ils continuent à agir et à produire des effets sur les autres, sans notre
contrôle. C'est en cela que nous voyons la persistance de la responsabilité.
Les passions et les désirs font partie des skandhas (que
son les registres de notre être) bien connus en philosophie orientale et qui
sont les agrégats dont l'homme est formé.
Le corps physique contient un ensemble de skandhas, le
corps astral un autre, le principe kama forme un autre ensemble, et d'autres
encore appartiennent à d'autres parties.
Les skandhas importants et réellement actifs se trouvent
en kama; ce sont eux qui commandent les renaissances et qui, à chaque nouvelle
naissance, déterminent toutes les variétés et les circonstances de la vie.
Ils sont créés jour après jour, en vertu de la loi selon
laquelle chaque pensée s'unit instantanément à l'une des forces élémentales de
la nature, devenant ainsi une entité dont la durée d'existence correspondra à
la force de la pensée au moment où celle-ci a quitté le cerveau, et toutes ces
entités sont inséparablement liées à l'être qui les a produites.
Il est impossible de leur échapper; tout ce que nous
pouvons faire c'est nourrir des pensées de bonne qualité, car les Maîtres les
plus élevés eux-mêmes ne sont pas exempts de cette loi, mais ils "peuplent
leur courant dans l'espace" d'entités puissantes et uniquement bienfaisantes.
Cette masse de désirs et de pensées existe en kama-loka de
façon très précise, jusqu'à sa complète désintégration; ce qui en reste est
constitué par l'essence de ces skandhas qui, comme il va de soi, sont en rapport
étroit avec l'être qui les développa et les posséda. S'en débarrasser serait
aussi impossible que de supprimer l'univers.
Aussi est-il enseigné qu'ils subsistent jusqu'au moment
où l'être sort du devachan. ils sont alors immédiatement attirés vers lui par
la loi d'attraction, et servent de germes ou de base pour construire un nouvel
ensemble de skandhas pour la vie nouvelle.
Ce qui distingue donc kama-loka du plan terrestre c'est
que sur ce plan la masse des désirs et des passions y règne sans contrôle et
sans guide ; néanmoins la vie terrestre est aussi un kama-loka puisqu'elle est
gouvernée dans une large mesure par le principe kama, et il en sera ainsi
jusqu'au jour lointain où, dans le cours de l'évolution, les races humaines
auront développé leurs cinquième et sixième principes (c'est-à-dire
le discernement et la spiritualité) et, en repoussant ainsi kama
dans sa propre sphère, libéreront la vie terrestre de son influence.
L'homme astral en kama-loka (c’est-à-dire le kama-rupa,
le déchet qui reste après que la partie bonne de l’humain est monté au devachan)
est une simple coque dépourvue d'âme et de mental, privée de conscience et
incapable d'agir à moins d'être vivifiée par des forces extérieures à elle-même
(comme c'est le cas avec les séances spiritistes).
Cette coque possède ce qui ressemble à une conscience
animale ou automatique, due entièrement à son association récente avec l'Ego
humain. Car en vertu du principe établi dans un autre chapitre, chaque atome
destiné à former l'homme possède une mémoire qui lui est propre, et dont la
durée sera proportionnée à la force qu'il a reçue.
S'il s'agit d'une personne très matérielle, très
grossière, ou très égoïste, la force subsistera plus longtemps que chez toute
autre; par conséquent la conscience automatique sera, dans ce cas, mieux
définie et égarera davantage l'homme qui, sans connaissance, se mêle de
nécromancie.
La partie purement astrale de cette coque contient et
conserve le souvenir de tout ce qui se passa durant la vie de l'individu, une
des qualités de la substance astrale étant d'absorber et de conserver les
scènes, les images, les impressions de toutes les pensées et de les projeter
par réflexion quand les circonstances le permettent.
Cette coque astrale, rejetée à la mort par chaque être
humain, serait une menace pour l'humanité si elle n'était, sauf dans un cas qui
sera précisé, toujours dépourvue de tous les principes supérieurs, qui sont les
principes directeurs.
Ces constituants qui servaient de guides étant séparés de
la coque, celle-ci erre et flotte de place en place, sans volonté propre, mais
entièrement gouvernée par des attractions dans les champs astraux et
magnétiques.
Il est possible à l'homme réel — que certains appellent
l'esprit — de communiquer avec nous pour quelques brefs instants, immédiatement
après la mort mais, ce temps passé, l'âme n'a plus rien à faire avec la terre
jusqu'au moment de sa réincarnation.
Ce sont les coques dont j'ai parlé qui, de cette sphère
astrale, peuvent influencer et, de fait, influencent les sensitifs et les
médiums. Privées d'âme et de conscience, ces coques ne sont nullement les
esprits de nos morts. Ce sont les vêtements dont l'homme intérieur s'est
dépouillé, la partie grossière et terrestre qu'il a rejetée en prenant son
essor vers le devachan.
Aussi, étant essentiellement astrales, terrestres et
passionnelles, ces coques ont- elles toujours été considérées par les anciens
comme des démons — nos démons personnels.
Il serait en effet étrange que cette coque ne conserve
pas une mémoire et une conscience automatiques, après avoir été pendant si
longtemps le véhicule de l'homme réel sur terre.
Nous voyons le corps décapité de la grenouille ou du coq
se mouvoir et agir pour un temps avec un semblant d'intelligence, alors.
Pourquoi ne serait-il pas possible à la forme astrale, beaucoup plus fine
et subtile, d'agir et de se mouvoir avec une apparence d'intelligence directrice
nettement plus prononcée ?
(Et en fait, plus la personne a été
méchante, et plus son kama-rupa gardera l'essentiel de sa personnalité.)
LA REVITALISATION DU KAMA-RUPA
Les forces élémentales ou forces de la nature, existent
dans la sphère de kama-loka comme elles existent, en fait, dans toutes les parties
du globe et du système solaire. Étant en un sens les nerfs de la nature, elles
sont innombrables et leurs divisions sont presque infinies.
Chaque classe a son propre travail, comme chaque élément
naturel ou chaque chose a le sien. De même qu'en vertu de la loi qui les régit
le feu brûle et l'eau descend et ne monte pas, ainsi les élémentaux agissent
selon la loi mais, se trouvant à un degré d'évolution plus élevé que le feu ou
l'eau du plan matériel, leur action semble être guidée par le mental.
Certains d'entre eux ont un lien particulier avec les
activités mentales et le fonctionnement des organes astraux, que ceux-ci soient
unis à un corps ou non.
Lorsqu’un médium sert de canal — et aussi grâce à
d'autres coordinations naturelles — ces élémentaux, aidés par le fluide nerveux
du médium et des autres personnes présentes, établissent une relation
artificielle avec la coque d'une personne décédée et cette coque est alors
galvanisée et douée d'une vie artificielle.
Une liaison s'établit au moyen du médium avec les forces
physiques et psychiques de tous les assistants (le cercle
spiritiste). Les impressions anciennes du corps astral transmettent
leur image au mental du médium, les passions anciennes sont enflammées.
On obtient ainsi des messages et des communications
diverses mais aucun n'est original, aucun ne procède de l'esprit. Cependant, étant
donné l'étrangeté de ces messages, et du fait de l'ignorance de ceux qui se
livrent à ces pratiques, on croit y voir l'œuvre de l'esprit, alors que tout
provient des vivants, à moins que ce ne soit simplement des images du passé
recueillies dans la lumière astrale.
Dans certains cas qu'on doit noter, une intelligence foncièrement
et puissamment mauvaise est à l'œuvre, à laquelle tout médium est soumis, ce
qui expliquera pourquoi tant d'entre eux ont succombé au mal, ainsi qu'ils
l'ont confessé.
Voici une classification sommaire de ces coques qui se
mettent en rapport avec les médiums :
1) Celles des personnes récemment décédées et enterrées à
proximité. Les coques de cette classe seront tout à fait cohérentes
conformément à la vie et la pensée de leurs anciens propriétaires.
Une personne qui n'est pas matérielle, qui est bonne et
spirituelle, laissera une coque qui se désagrégera rapidement. Celle d'une
personne grossière, vile, égoïste et matérielle sera lourde, consistante, et
subsistera longtemps; et ainsi de suite pour toutes les variétés.
2) Celles des personnes mortes loin du lieu où se trouve
le médium. Le laps de temps écoulé leur permet de s'échapper du voisinage de
leur ancien corps et produit en même temps un état plus avancé de désagrégation
qui, sur le plan astral, correspond à la putréfaction sur le plan physique.
Ces coques sont imprécises, sans cohésion et comme des
ombres; elles ne répondent que pendant quelques instants au stimulus psychique
et sont emportées au loin par n'importe quel courant magnétique. Elles sont
momentanément galvanisées par les courants astraux du médium et par ceux des
assistants qui furent en relation avec le défunt.
(Ce que j'ai lu, c'est que plus le
kama-rupa se désintègre, et plus sa conversation devient incohérente jusqu'à ce
qu'il ne prononce que quelques mots dénués de sens.)
3) Les dépouilles purement vaporeuses qui peuvent à peine
être classifiées. Notre langue n'a pas de terme pour les décrire, bien qu'elles
soient un fait réel dans cette sphère. On pourrait les considérer comme le
simple moule ou l'empreinte laissée dans la substance astrale par la coque
jadis cohérente mais depuis longtemps désagrégée.
Elles sont donc si près d'être fictives qu'on pourrait
presque les désigner ainsi. En tant que photographies floues, elles sont
agrandies, embellies et dotées d'une vie imaginaire par les pensées, les
désirs, les espoirs, l'imagination du médium et de ceux qui assistent aux séances.
4) Les entités définies et cohérentes, âmes humaines
privées du lien spirituel, qui tendent maintenant vers le bas, vers avitchi (l’enfer),
le pire de tous les états, où la personnalité sera finalement annihilée.
Elles sont appelées des magiciens noirs. Ayant centré
leur conscience dans le principe kama et préservé leur intelligence, mais ayant
rompu leur lien avec l'esprit ils sont les seuls êtres damnés que nous
connaissions.
Durant la vie, ils eurent des corps humains et arrivèrent
à leur épouvantable état en persistant vie après vie à faire le mal pour le mal
; certains êtres, déjà condamnés à devenir ce que je viens de décrire, existent
parmi nous aujourd'hui sur terre.
Ce ne sont pas des coques ordinaires, car ils ont centré
toute leur force en kama, rejeté jusqu'à la moindre lueur d'une pensée ou d'une
aspiration élevée et acquis une maîtrise complète de la sphère astrale.
Je les ai rangés dans la catégorie des coques car ils en
font partie, en ce sens qu'ils sont condamnés à la désagrégation, qui est
consciente dans leur cas, tandis que les autres coques sont vouées à cette même
fin mais seulement d'une manière mécanique.
Ils peuvent subsister et subsistent en fait durant de
longs siècles, assouvissant leurs convoitises au moyen de tout être sensitif
dont ils peuvent s'emparer, là où de mauvaises pensées leur livrent un passage.
Ils président à presque toutes les séances, s'attribuent
des noms célèbres et prennent la direction des opérations afin de garder le
contrôle et de continuer à tromper le médium, ce qui leur permet d'avoir un
canal approprié à leurs mauvais desseins.
Avec les coques des suicidés, celles des misérables
créatures qui meurent par la main de la loi et celles des ivrognes et des
gloutons, ces magiciens noirs qui vivent dans le monde astral sont maîtres du
terrain de la médiumnité physique et peuvent envahir la sphère de n'importe
quel médium, si bon soit-il. Une fois la porte ouverte, elle est ouverte à
tous.
Cette catégorie de coques a perdu le Manas supérieur: et
dans la lutte livrée, non seulement après la mort mais aussi pendant la vie, la
partie inférieure de Manas, qui aurait dû être élevée à une perfection divine,
a été arrachée de sa partie spirituelle (Buddhi), et confère maintenant à ces entités une intelligence privée de l'esprit,
mais néanmoins capable de souffrir, comme elles souffriront quand viendra leur
heure finale.
PERSONNES QUI MEURENT AVANT
LE MOMENT PRÉVU
Les suicidés et ceux dont la vie est soudainement fauchée
par un accident, par un meurtre légal ou illégal, demeurent en kama-loka jusqu'au
terme de ce qu'aurait été leur vie si elle n'avait été subitement tranchée.
(Plus précisément ils demeurent dans le
plan astral.)
Ils ne sont pas réellement morts, car pour qu'il y ait
mort normale, il faut l'intervention d'un facteur qui n'est pas reconnu par la
science médicale. Les principes de l'être, tels qu'ils ont été décrits dans
d'autres chapitres, sont affectés d'une cohésion qui a son propre terme dans le
temps, et, ce terme naturel atteint, ils se séparent les uns des autres en
suivant leurs propres lois.
Cela soulève la grande question des forces de cohésion de
l'être humain, question qui à elle seule nécessiterait un volume. Je dois donc
me contenter d'affirmer que cette loi de cohésion agit sur les principes
humains. Avant cette fin naturelle, ces principes sont dans l'impossibilité de
se séparer.
Il est évident que, sauf en ce qui concerne le corps
physique, la destruction normale de la force cohésive ne peut être provoquée
par des procédés mécaniques. Par conséquent, un suicidé ou une personne tuée
par accident, assassinée par un homme ou par ordre de la loi humaine, n'a pas
atteint le point où ses autres constituants perdent naturellement leur
cohésion, aussi est-il précipité en kama-loka en état de mort partielle.
Là, les principes qui subsistent doivent attendre que le
véritable terme naturel de la vie soit atteint, qu'il s'agisse d'un mois ou de
soixante ans.
Il existe cependant en kama-loka des degrés différents
pour toutes les variétés des coques qui viennent d'être mentionnées. Certaines
passent cette période dans de grandes souffrances, d'autres dans une sorte de
sommeil peuplé de songes brumeux, chacune selon sa responsabilité morale.
Mais les criminels exécutés sont en général rejetés de la
vie remplis de haine et de vengeance, douloureusement affectés par un châtiment
dont ils n'admettent pas la justice. Ils ressassent continuellement en kama-loka
leur crime, leur jugement, leur exécution et leur vengeance.
Aussi dès qu'ils peuvent entrer en contact avec un être
sensitif vivant, que ce soit un médium ou non, ils tâchent d'injecter des
pensées de meurtre et d'autres crimes dans le cerveau de cet infortuné. Et
qu'ils réussissent dans de telles tentatives, c'est là un fait que les
étudiants plus avancés de la théosophie savent fort bien.
~ * ~
Après un certain temps passé en kama-loka, l'être tombe dans
un état d'inconscience qui précède le passage dans l'état suivant du devachan,
exactement comme la naissance sur terre est précédée d'une période de ténèbres
et de lourd sommeil. L'être s'éveille alors aux joies du devachan. »
(Ce texte se trouve dans son livre
"L'Océan de la Théosophie", chapitre XII)