Le texte qui suit est une analyse effectuée
par le théosophe et professeur émérite Georges Méautis montrant à quel point
est mauvais le livre écrit par René Guénon "Le théosophisme, histoire
d'une pseudo-religion".
Tout mouvement
religieux peut être étudié de deux manières différentes : (1) en le
contemplant d'un point de vue philosophique, en examinant ses doctrines et ses
théories, en voyant ce qu'elles ont d'original et comment elles satisfont les
besoins religieux d'une époque ou d'un peuple. (2) Et aussi il peut être
analysé qu'à partir de la vision historique en recueillant et en classant les
documents relatifs à ses origines ou à ses progrès, et en critiquant la
validité ou l'autorité des témoins.
Et la condition
essentielle de toute étude ce n'est pas forcément la sympathie, car celle-ci ne
peut se faire à la demande, mais on peut au moins solliciter que l’investigateur
soit impartial. Parce qu’un ouvrage qui n'est pas impartial n'a aucune garantie
d'objectivité académique, puisque s'il est trop favorable au mouvement qu'il
prétend étudier, il devient plus un éloge qu'une analyse historique ; et
s'il est hostile, il ne devient qu'un pamphlet controversé et indigne d'une
attention sérieuse.
Guénon est intentionnellement dédaigneux
Sous le titre "Le théosophisme,
histoire d'une pseudo-religion", René Guénon a publié un volume de
plus de trois cents pages qui prétend informer sur l'histoire de la Société Théosophique,
mais nous disons tout de suite que ce livre contient une documentation
abondante qui n'est pas fiable, et bien plus que dans aucun des articles ou
livres contre le mouvement théosophique qui ont été publiés ces dernières
années.
Il est bien
regrettable que ce livre ne s'inspire que sur des documents hostiles à la théosophie,
et M. Guénon les cite sans hésiter un instant considérant leur véracité inattaquable
et en passant systématiquement sous silence tout ce qui pourrait démontrer la
fausseté de ces témoins, même avec la vision la plus favorable.
Et quelques
exemples serviront pour le démontrer, mais pour ne pas épuiser la patience du
lecteur, j'ai choisi exclusivement les cent premières pages du texte, bien que j’aie
pu facilement multiplier les exemples.
S'il y a un
livre important pour l'histoire des débuts de la Société Théosophique, celui-ci
doit être "Les incidents de la vie de
Madame Blavatsky"
écrit par le journaliste Alfred Sinnett. Et la grande valeur de cet ouvrage est
qu'il reproduit en grande partie les mémoires de Madame Jelihowsky, qui fut la
sœur de Blavatsky et qui fournit une mine de détails et d'informations qui
seraient difficiles de trouver ailleurs.
Guénon a dû
connaître l'existence de ce livre puisqu'il le cite, mais seulement une fois dans
la page 87 (1) pour une question d’un détail. Par
contre, en vingt pages il se réfère plus de dix fois au pamphlet écrit par le
romancier russe Soloviev intitulé "Une
prêtresse moderne d'Isis"
et qui est le pamphlet d'un homme qui a abusé de manière déshonorante de la
confiance que Mme Blavatsky avait placée en lui (2).
Guénon calomnie à Henry Olcott
Ailleurs, dans
la page 18, et clairement dans l'intention de discréditer au colonel Henry
Olcott qui est le président et fondateur de la Société Théosophique, Guénon
prétend qu'un tel grade militaire est facilement possible d’obtenir aux
États-Unis, mais omet soigneusement de
mentionner qu'après la guerre civile, Olcott fut chargé de dénoncer et de
poursuivre tous les coupables de détournement de fonds alors qu'ils
ravitaillent les armées.
Or une telle mission ne pouvait être attribuée qu'à un homme dont
l'honneur, l'honnêteté et la responsabilité étaient au-delà de tout soupçon. Et la manière comme Olcott a été
admiré et apprécié par les hautes autorités américaines se manifeste dans la
lettre que lui a envoyée le sous-secrétaire américain au Trésor, et qui est cité
par Charles Leadbeater dans son livre "L’occultisme dans la nature"
(v.II, p.411) et qu’à continuation je transcris :
« Je tiens à vous dire que je n'ai
jamais rencontré un monsieur à qui l'on a confié des fonctions aussi
importantes et qui a fait preuve de la plus grande capacité, rapidité et
fiabilité que vous en avez fait. Et c’est pourquoi par-dessus tout, je souhaite
témoigner de votre droiture et de toute votre intégrité de caractère, qui j'en
suis sûr, ont marqué toute votre carrière et à ma connaissance n'ont jamais été
attaquées. Que vous soyez sorti de votre mission sans tacher votre nom, quand
on considère la corruption, l'audace et la puissance des nombreux criminels de
haut rang que vous avez chassés et punis, c’est un hommage dont vous pouvez
être fier, et cela n'avait pas été atteint
jusqu’ici par un autre homme qui ait occupé un poste similaire et ait rendu des
services similaires dans ce pays. » (3)
Et nous ajoutons
à cela que quand le colonel Olcott
s'est rendu en Inde, il a eu la faveur exceptionnelle de recevoir une lettre de
recommandation personnelle du président américain à ses collègues ministres et
consuls.
Et c'est cet homme
qui a été apprécié et admiré para le gouvernement American par sa grande
honnête, que Guénon décrit avec mépris comme un menteur, disant de lui :
-
"on se demande si
cet individu essaie de tromper les autres, ou s'il joue lui-même le rôle de dupeur".
Et
Guénon ajoute :
-
"sa bonne foi est
certainement mise en doute." (p.19)
Mais les informations
que je viens de citer montrent que Guénon calomnie au colonel Olcott.
Guénon manipule l'information
Un autre
exemple peut être encore plus caractéristique de la manière dont Guénon utilise
les documents, et celui-ci se trouve dans la page 80. Là, voulant démontrer le
pouvoir de séduction de Madame Blavatsky, il cite un passage des "Vieilles feuilles d’un journal" du
colonel Olcott, connue en français comme "Histoire de la Société Théosophique" :
« Nul ne fascinait mieux qu’elle
quand elle le voulait, et elle le voulait quand elle désirait attirer les
personnes dans son travail public. Alors, elle se faisait caressante de ton et
de manières, donnait à sentir à la personne qu’elle la regardait comme sa
meilleure, sinon sa seule amie… Je ne saurais dire qu’elle était loyale… Nous
n’étions pour elle, je crois, rien de plus que des pions dans un jeu d’échecs,
car elle n’avait pas d’amitié sincère. »
Guénon ne cite
pas la page d'où il a tiré ce passage, ce qui ne simplifie pas la recherche
dans les trois volumes qui composent actuellement cet ouvrage de plus de quatre
cents feuillets. Mais après une longue recherche je l'ai trouvé et je pense
qu'il vaut la peine de le reproduire malgré son extension :
« HPB s'est fait d'innombrables
amis, mais elle les a souvent perdus et les a vus devenir des ennemis
personnels. Personne ne pouvait être plus fascinant qu'elle quand elle le
voulait, et surtout quand elle voulait attirer les gens vers son travail
public. Puis elle est devenue elle-même prudente dans le ton et les manières,
faisant sentir à l'individu qu'elle le considérait comme son meilleur ami,
sinon le seul. Elle a même écrit de la même manière à plusieurs d’eux et je
pense pouvoir citer plusieurs femmes qui gardent ses lettres, disant qu'elles
seraient ses successeurs dans la Société Théosophique, et deux fois plus
d'hommes qu'elle déclare être ses seuls vrais amis et chélas acceptés.
J'ai plusieurs de ces papiers et je pensais qu'ils étaient un trésor jusqu'à
ce qu'après les avoir comparés avec des notes des tiers, j'aie découvert qu'ils
avaient été écrits de la même manière et j'ai vu que tous ses éloges étaient
sans valeur. Avec des gens
ordinaires comme moi et ses autres proches collaborateurs, je ne devrais pas
dire qu'elle était loyale ou inconditionnelle ; pour elle, je pense, nous
n'étions que des pions dans une partie d'échecs, pour lesquels elle n'avait
aucune affection profonde. Elle m'a répété les secrets que des gens des deux
sexes lui avaient confiés, même les plus compromettants, et je suis convaincu
qu'elle a traité mes secrets de la même manière, tout comme eux.
Mais par contre elle était loyale au dernier degré envers sa tante, ses
autres parents et les maîtres, pour lesquels elle aurait sacrifié non pas une
mais vingt vies, et regardait calmement toute la race humaine consumée par le
feu si nécessaire. » (4)
Comme on peut
le voir, en citant simplement des phrases ou des parties de celles-ci, Guénon a
complètement déformé le sens du passage tel qu'il se trouve dans le volume du
colonel Olcott.
La mauvaise intention de Guénon
D'après ce que
nous avons vu, nous pouvons déjà conclure quelle est la méthode utilisée par
Guénon, et celle-ci consiste à ne citer que les documents qui peuvent éveiller
dans l'esprit du lecteur l’opinion qu'il veut donner de la Société
Théosophique.
Et quelle est cette opinion ?
Que leurs dirigeants
sont des voleurs qui ne s'arrêteront devant aucune fraude ou tromperie, et
qu'ils sont les jouets de mystérieux êtres inconnus, et que les théosophes
eux-mêmes sont victimes de suggestion, ou sont extraordinairement crédules.
Il n'y a rien
de nouveau dans une telle théorie, elle remonte directement aux encyclopédistes
qui ont également tenté d'expliquer les phénomènes religieux par «la tromperie
sacerdotale». Or, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de souligner les
lacunes d'une telle explication puisque les découvertes du XIXe siècle ont
montré que le sentiment religieux est plus complexe, subtil, et aussi plus
élevé que ce que Voltaire et Diderot auraient pu imaginer.
Pour rendre
plus visible l’image que Guénon cherche à construire sur l'évolution de la
Société Théosophique, il s'attache à vouloir montrer qu'elle est plus le fruit
du hasard (ou des diverses influences qui ont influencé à Madame Blavatsky) que
d'une volonté clairement définie.
Et quand
apparaissent des faits qui vont à l'encontre de sa théorie, Guénon se contente de
ne pas les mentionner. Ainsi par exemple, il déclare dans la page 43 que
Blavatsky n'a commencé à parler de l'existence des Mahatmas tibétains qu'après
son arrivée en Inde. Avant cela, elle n'avait été que sous l'influence de
«guides spirituels» comme ceux des médiums (p.21, 27).
Mais cela n'est pas vrai puisque dans la fameuse réponse qu'elle a donnée
à Hiraf et qui a été publiée dans la revue spiritiste Spiritual Scientist en juillet 1875, et donc
avant la fondation de la Société Théosophique, Blavatsky a affirmé l'existence
de ces êtres et de sa connaissance personnelle des écoles occultes en Inde, en
Asie Mineure et dans d'autres régions.
Et elle
soutient aussi que « la
vraie kabbale est en possession, comme je l'ai déjà dit, de quelques
philosophes orientaux ; et vous dire où ils se trouvent et qui ils sont va
au-delà de ce qu'il m'a été permis de révéler... Par contre ce que je peux
souligner, c'est qu'une telle organisation existe et que l'emplacement de ses confréries
ne sera jamais révélé à d'autres pays jusqu'au jour où l'humanité se sera
réveillée. »
(Cité par Henry
Olcott, Histoire de la ST, I, p.112 ; voir aussi p.64) (5)
De plus, dans une lettre publiée dans le Spiritual Scientist et
qui a également été mentionnée par Olcott (voir Histoire ST, I, p.323), Monsieur J.O. Sullivan signale que quand il
lui a fait une visite à Blavatsky bien avant qu'elle ne s'installe en Inde,
elle lui a parlé déjà d'un adepte du Tibet (6).
Henry Olcott lui-même
se réfère à deux reprises dans son premier volume à un adepte qui, selon la
théorie de Guénon, n'aurait dû apparaître qu'après son arrivée en Inde (p.236
et 361). Et le colonel cite aussi un extrait d'une lettre reçue le 22 juin
1875, qui contient ces mots :
-
"Frère, je ne suis
pas un esprit désincarné, mais un homme vivant, doté par notre Loge des
pouvoirs qui te seront accordés un jour." (7)
On voit donc
combien est infondée l'hypothèse de Guénon, qui veut faire croire que Blavatsky
fut un médium comme les autres "contrôlé" par des guides spirituels
et sans mentionner les Mahatmas jusqu'après son arrivée en Inde.
Et tous les
témoignages que j'ai cités sont facilement accessibles, et un historien
vraiment responsable n'aurait pas pu les ignorer, tandis que Guénon n'a fait
aucune allusion.
Le premier séjour de Blavatsky en Orient
Plus
caractéristique encore de la méthode de Guénon est la question des divers
voyages que Blavatsky a effectués avant d'aller aux États-Unis en 1873, et
Guénon est extrêmement ferme dans son point de vue puisque pour lui, Blavatsky
n'a jamais été en Inde avant 1878 et son initiation au Tibet est «une pure
fable» (p.27).
Notre
interlocuteur croit même en avoir la preuve puisqu’il cite à la page 32 une
lettre du colonel Olcott contenant ces mots :
-
"Cette dame (il se
réfère à une certaine Madame Thompson) offre de l'argent à Blavatsky et tout si
elle va en Inde et lui donne une chance d'étudier et de voir par elle-même." (8)
Mais sans avoir
besoin d'être un expert dans les méthodes de la critique historique, n'importe
qui peut voir que le colonel Olcott reproduit l'idée qu'avait Mme Thompson, et
non pas celle de Blavatsky. Mais cela n'empêche pas à René Guénon d'ajouter :
-
"Donc Madame
Blavatsky n'a été jamais aux Indes avant 1878; et cette fois-ci nous en avons
la preuve formelle."
Mais ce que
Guénon omet, c'est la mention faite par le colonel Olcott d'une lettre d'une
femme qui certifia que dès 1873 elle avait entendu à Madame Blavatky lui
assurer qu'elle avait vécu au Tibet (voir Histoire ST, I, p.113).
Et c'est une
preuve de plus qui montre que M. Guénon ne prend que la documentation qui lui
convient dans le but de discréditer à Blavatsky. Et le passage suivant qui se
trouve dans le même volume de l’œuvre du colonel Olcott (p.255) révèle encore
plus fortement le peu de confiance que méritent les déclarations de M. Guénon :
« Il lui aurait été facile pour
elle de lui avoir dit à M. Sinnett que quand elle a essayé d'entrer au Tibet en
1854 par le Bhoutan ou le Népal, elle a été empêchée par le capitaine Murray (qui
maintenant est major-général) et qui était à ce moment-là le commandant
militaire de cette zone frontalière ; et elle est resté à sa maison avec
sa femme pendant un mois entier. Cependant, elle ne l'a jamais signalé, et
aucun de ses amis n'a découvert la circonstance jusqu'à ce qu'Edge et moi
recevions l'histoire du major-général Murray lui-même, le 3 mars, dans le train
entre Nalhati et Calcutta. » (9)
Voilà la preuve
formelle que Blavatsky est allé en Inde avant 1975 et ni Edge ni Murray ne
l'ont jamais nié. Mais il fallait s'attendre à ce que Guénon n'ait pas utilisé
ces témoignages puisqu'ils allaient à l'encontre des diffamations qu'il veut
imposer.
Le rapport Hodgson
Je crains que
cela fatiguerait énormément la patience du lecteur si j’énumérais tous les cas
où Guénon a omis de mentionner des documents importants parce qu'ils allaient à
l'encontre de ses intentions malveillantes. Mais pour que la chose soit bien
illustrée, je cite un autre exemple.
Il affirme à la
page 46 que l'enquête de Hodgson, qui fut l'émissaire de la Société pour les
Investigations Psychiques, établit amplement que les lettres des Maîtres ont
été falsifiées par Blavatsky avec l'aide de Damodar en tant que complice.
Mais Guénon ne
signale pas une seule fois le petit ouvrage d'Annie Besant intitulé "HP
Blavatsky et les Maîtres de la sagesse" qui est aujourd'hui la
réfutation la plus éclairante et la plus convaincante contre ce rapport. Et il
ne cite pas non plus le rapport d'une enquête qui a été faite concernant les
accusations portées contre Mme Blavatsky (10), ni le recueil d'observations faites par le Dr Franz
Hartmann (11) et il ne considère pas non plus tous
les autres témoignages qui montrent que Hodgson a été très malveillant et a
rédigé son rapport en ignorant toutes les preuves qui allaient en faveur de
Blavatsky.
Et Guénon parle
aussi dans la page 63 sur les accusations des Coulombs portées contre Blavatsky,
en assurant que «leur authenticité est impossible de nier». Ce qui est faux, et
par exemple il ne signale pas que le stadiste
anglais Allan Hume, que bien qu’à cette époque s’était distancié de Madame
Blavatsky, mais motivé par un admirable sentiment de justice, il écrivit à un
autre homme d'État de Calcutta, dans le but de lui confirmer que Madame
Blavatsky n'aurait pas pu composer ces missives (et son message fut
reproduit par Mme Besant dans son livre "HPB et les Maîtres de Sagesse"
(p.80).
Et Guénon mentionne
aussi dans la page 64 l'opinion d'experts anglais qui considèrent que les lettres
du Mahatma ont été faites par Damodar et Blavatsky. Mais il passe sous silence
un autre graphologue très renommé qui a déclaré sous serment que la
calligraphie de Blavatsky n'avait rien de commun avec celle des Maîtres (et
cette déclaration a été reproduite par M. Sinnett dans son livre "La Vie
de Madame Blavatsky" (p.199).
Isis Dévoilée
Guénon crache
aussi, s'appuyant sur un certain Cowes (12), que les manuscrits du baron de Palm ont servis à
Blavatsky pour écrire l’œuvre "Isis Dévoilée". Mais Guénon
omet de souligner que le rédacteur en chef du même journal qui a publié la
lettre de Cowes, a par la suite regretté de l'avoir fait et il a déclaré que
cette accusation n'était pas fondée (voir Histoire ST, p.161).
Quant au fait
même, voici une lettre qui je pense résoudra le problème une fois pour toutes :
« Consulat de la République
d'Argentine
Augsbourg, 16 mai 1877.
Dossier n° 1130.
Pour M. William
Quan Judge,
Avocat et
conseiller en droit,
71 Broadway,
New York.
D'après votre
lettre du 7 avril, je déduis que le baron Josef Heinrich Ludwig von Palm est
décédé à New York au cours du mois de mai 1876.
Le soussigné,
consul Max Obermayer (le dernier à représenter les États-Unis à Augsbourg de
1866 à 1873) est par coïncidence capable et très désireux de vous fournir les
informations que vous demandez sur cet individu d'une manière tout à fait
complète.
Le baron von
Palm fut un officier de l'armée bavaroise dans sa jeunesse, mais en raison de
ses nombreuses transactions louches et de ses dettes, il a été contraint de
quitter la milice. Puis il s'installa dans d'autres régions d'Allemagne, mais
ne put rester longtemps nulle part à cause de sa grande frivolité, de sa
débauche et de son amour pour la vie luxueuse qui le conduisirent constamment à
contracter de nouvelles dettes et à s'impliquer dans des accords imprécis, au
point qu’il a même été condamné par les tribunaux et fut emprisonné pendant un
temps.
Après qu'il lui
fut impossible de demeurer plus longtemps en Allemagne, il se rendit en Suisse
pour entreprendre un nouveau parcours d'escroquerie et a réussi par de fausses
promesses et de fausses déclarations, à persuader le propriétaire du château de
Wartensee de lui vendre cette propriété qui il occupa aussitôt. Cependant son
séjour là-bas fut de courte durée, car non seulement il ne put pas réunir les
fonds pour l'achat, mais il ne put même pas payer les impôts, et par conséquent
la propriété fut vendue par les créanciers et Palm s'enfuit aux États-Unis.
Ici en Europe
on ne sait pas s'il a été ou non conservé dans le pays par fraude. Aucune des
propriétés qu'il possède en Europe ne vaut un sou. Tout ce que l'on peut
trouver parmi ses actions n'est que de l’arnaque. Et la seule propriété sur
laquelle il avait des droits avant son départ pour l'Amérique du Nord était une
partie du domaine Knebelisher à Trieste, mais lorsque le baron est parti, il
s'était déjà donné beaucoup de mal pour essayer d'obtenir le paiement immédiat
de cette somme ; en vain.
Vers la fin de
l'année 1869, Palm a approché le signataire en sa qualité de consul des
États-Unis, avec la demande d'organiser le paiement de sa participation dans la
propriété Knebelisher que je viens de vous mentionner. Cette demande a été
traitée sur place comme il en ressort de la copie ci-jointe de son reçu, et la
somme de 1’068 et 4/6 thalers (l'équivalent de 3’247,53 dollars) qui a été mise
à la disposition de Palm au moyen d'une lettre consulaire du 21 janvier 1870,
par l'intermédiaire de la maison bancaire Greenbaum Bros. & Co.,
comme il ressort de son message au consulat en date du 14 février 1870.
Je ne peux que
répéter que Palm ne possédait pas un seul dollar d'argent en Europe, pas un
seul hectare de terre, et que tout ce qu'on peut trouver dans ses papiers qui
dissent le contraire est basé uniquement sur des documents frauduleux.
Les seuls
parents connus de Palm sont les deux baronnes von T___ domiciliées à Augsbourg,
les deux familles sont très respectables, et malheureusement à qui Palm dans la
dernière année de sa résidence en Europe a causé beaucoup de scandales et de
contrariétés.
Ce qui précède
donne tout ce qu'il y a à savoir sur le baron de la manière la plus exhaustive.
(Signé) Max Obermayer.
Consul de la
République d’Argentine. » (13)
On voit à quel
point il est improbable que cet officier allemand accablé de dettes, rejeté de
l'armée, et qualifié d'être un escroc, ait pu composer une œuvre aussi
originale et puissante qu’est "Isis
Dévoilée".
Et il est
regrettable qu'un écrivain aussi sincère que Maeterlinck ait répété cette
affirmation mensongère dans son livre "Le
Grand Secret", bien
qu'il l'ait probablement ne fait que répéter à son tour ce que Papus avait
écrit et sans prendre la peine de le vérifier. Et comme d'habitude, Guénon ne
mentionne pas la déclaration officielle que j'ai transcrite ci-dessus et qui
est un document important et facilement accessible puisqu'il se trouve dans le journal
du colonel Olcott (voir Histoire, p.162).
Une manipulation systématique de l'information
Comme le
montrent les exemples que je viens de vous mentionner et qui ont été choisis à
peine dans les cent premières pages de l'ouvrage de Guénon, son livre ne pourra
jamais passer pour une histoire complète et impartiale du mouvement
théosophique. Et il est étrange qu'un auteur qui a eu le privilège d'avoir à sa
disposition les petits ouvrages spirites qui sont aujourd'hui presque
introuvables, nous assure que sa seule raison de prendre la plume est «parce
que qu'il n'y a pas de droits supérieurs à la vérité » (p.307) (14) et en même temps évite de citer tous ces
documents pertinents et accessibles seulement parce qu’ils peuvent donner une
impression favorable à la théosophie.
Et il existe
bien d'autres documents qui peuvent montrer que l’information de Guénon (qu'il
veut faire paraître comme "sûre" et "précise") n'est qu'un
trompe-l'œil. Nous avons vu comment il choisit parmi les faits dont il dispose,
ceux qui lui servent à étayer l'idée qu'il s’est faite a priori de la genèse de
la Société Théosophique, et il ignore systématiquement tout ce qui ne
correspond pas à son point de vue.
Ainsi, pour
lui, John King (qui a participé au début de la Société Théosophique) est un
homme vivant qui, avec Henry de Morgan, «aurait nommé Madame Blavatsky et préparé
sa rencontre avec Olcott» (p.20).
Cependant, nous
lisons dans le journal du
colonel Olcott (p.20) :
-
"Alors j'ai pensé
que c'était un vrai John King. ... Mais maintenant je suis convaincu que 'John
King' était seulement un élémental manipulé par elle-même comme une marionnette,
et l'a utilisé comme une aide pour mon entraînement." (15)
Et quant à
Morgan, le colonel Olcott ajoute en parlant de John King :
-
"Plus tard [cet
esprit] a dit qu'il était l'âme vagabonde de Sir Henry Morgan, le célèbre
boucanier." (16)
Et dans un
autre passage de son journal (voir Histoire, p.431-432) le colonel
Olcott montre clairement ce qu'étaient John King et Henry Morgan, mais Guénon
préfère les voir comme des «mystérieux étrangers». Et Guénon préfère conclure
que John King est le «démon derrière la Société Théosophique», en plus d'être à
l'origine des phénomènes spiritistes (17).
Et il existe la
même confusion étrange à sa page 46 quand Guénon argumente ce qui suit
concernant les maîtres théosophiques :
-
"Le mot même
'Mahatma' n'a jamais eu en sanskrit le sens que lui attribue Madame Blavatsky,
car ce que ce terme désigne en réalité est un principe métaphysique et ne peut
s'appliquer aux êtres humains."
Cependant la Revue
de Paris (1er avril 1922) a consacré un article au "Mahatma
Gandhi" où l'on lit entre autres choses à la page 642 que :
-
"Gandhi est le
Mahatma, le grand homme inspiré qui est censé avoir des pouvoirs
extraordinaires et commander les forces de la nature."
On voit donc
que contrairement à ce qu'a affirmé Guénon, en Inde ce mot peut parfaitement
convenir à une personne et ne renvoie pas seulement à un principe métaphysique.
Ainsi,
lorsqu'il est possible de vérifier les documents que Guénon a utilisés, on constate
le peu de valeur réelle qu'ils ont malgré leur apparente certitude. Et combien
de passages pourrait-on citer où Guénon se contente de lancer une affirmation
ou une accusation sans preuves ni références d'appui, rendant impossible leur
vérification ! (18)
Si Guénon a
pris la peine de rassembler lui-même ses matériaux, force est de constater que
son choix n'a été ni judicieux ni impartial. Et si, comme il le dit dans son
corollaire, grâce à des «circonstances un peu exceptionnelles» il avait à sa
disposition les documents qu'une certaine communauté avait patiemment
rassemblés, on ne peut pas dire qu'il s'est montré à la hauteur ou a rempli les
espoirs placés sur lui.
(Observation
de Cid : en fait René Guénon si a accompli l'objectif que cette communauté avait
placé sur lui puisque c’était un groupe de catholiques qui voulaient
discréditer à la Société Théosophique et c'est pourquoi ils ont aidé à Guénon à
écrire ce livre et puis ils l’ont publié.)
Le livre de Dzyan
Mais ces
omissions et affirmations non fondées, aussi sérieuses soient-elles, ne sont
rien avec cet autre passage qui me semble démontre le niveau de peu de
confiance que mérite le livre de Guénon. Dans le chapitre où il étudie les
sources de Blavatsky, il a écrit (p.95) :
« Nous ajouterons un mot qui
concerne notamment l'origine des textes tibétains—prétendument très secrets—que
Madame Blavatsky a cités dans ses ouvrages, et plus précisément les fameuses stances
de Dzyan incorporées dans La Doctrine Secrète.
Ces livres
contiennent plusieurs passages qui sont manifestement "interpolés" ou
même inventés de toutes pièces, et d'autres qui étaient au moins
"fixés" pour s'adapter aux notions théosophiques.
Quant à ses
parties originales, elles ont été simplement empruntées d’une traduction de
fragments du Kandjur et du Tandjur, publiée en 1836 dans le
vingtième volume des Enquêtes asiatiques de Calcutta par
Alexandre Csoma de Körös. » (19)
Personne ne peut
ignorer la gravité de cette accusation, et si Madame Blavatsky s’était vraiment
contenté de prendre ces stances de Dzyan (dont elle a toujours affirmé
qu’il s’agissait d’un ouvrage ésotérique de la plus grande antiquité) à partir d'un
volume publié en 1836, on pourrait alors trouver étrange qu'elle n'ait jamais
indiqué d'où elle tenait ces données.
Les enquêtes
asiatiques de Calcutta sont une
série très rare que très peu de bibliothèques européennes possèdent, mais
heureusement on les trouve au musée Guimet (Document n°7060). De plus, il est
actuellement assez facile de vérifier si ce qu'a affirmé Guénon est vrai
puisque la traduction française de l'œuvre de Csoma a été publiée dans le tome
II des annales du musée Guimet par Léon Feer (1881, pages 131-573),
Et ainsi les
lecteurs qui voudront prendre la peine de le vérifier peuvent être sûrs que
l'affirmation de Guénon est totalement fausse, puisque l'œuvre de Csoma
consiste presque exclusivement en analyses et non pas en traductions, et aucune
de ces dernières correspond avec le texte des stances de Dzyan ou La
Voix du Silence.
Encore plus de mensonges de Guénon
L’affirmation
d’en haut ce n'est pas le seul mensonge flagrant que Guénon a dit. Nous pouvons
trouver un autre exemple dans la page 20, note 1, où Guénon déclare qu'il n'a
pu avoir aucune confirmation du second mariage de Madame Blavatsky, alors que
le récit de cette union occupe tout un chapitre du journal du colonel Olcott (voir
Histoire, I, p.58).
Et poursuivant
cette confusion, nous avons vu plus haut que Guénon acceptait sans corroborer
l'affirmation selon laquelle Isis Dévoilée avait été écrite à l'aide des
manuscrits du baron de Palm, et nous avons montré combien cette hypothèse était
improbable, étant donné le caractère et la vie de ce sujet.
Mais malgré
cela, Guénon assure que cet individu a légué sa collection de livres à la
Société Théosophique (p.93) et il a également affirmé dans la page 86 que :
« Sinnett prétendait qu'il n'avait rien laissé, à part sa bibliothèque »,
mais si l'on consulte dans le livre de M. Sinnett (La vie de Mme Blavatsky,
p.121) nous constatons que ce n'était pas une bibliothèque mais seulement
quelques livres (20).
Conclusion
Ce n'est pas
notre objectif de réfuter tout le travail de M. Guénon car cela lui donnerait une
importance et une valeur qu'il ne mérite pas. Nous avons simplement
voulu indiquer quelques aspects pour montrer au lecteur qu'il peut être mal
influencé à porter un jugement défavorable envers le mouvement théosophique s'il
ne lit que le livre de René Guénon, et nous lui recommandons de compléter ses
connaissances et son opinion en se tournant aussi vers d'autres ouvrages tels
que "L'histoire de la Société Théosophique"
du colonel Olcott, "La vie de Madame Blavatsky"
d'Alfred Sinnett, "Vers le temple et
la sagesse antique" d'Annie Besant, "La lumière sur le chemin"
de Mabel Collins.
Et nous
souhaitons également exposer que le livre de Guénon est incomplet et
volontairement péjoratif. C'est pourquoi il ne mérite pas le nom d'«histoire»
puisqu'il est dépourvu des méthodes objectives et savantes qu'exige un
véritable récit historique, ainsi que de la critique sûre et claire que l'on
est en droit d'espérer d'un tel ouvrage.
De plus, si le mouvement
théosophique était ce que Guénon prétend qu’il est, il n'aurait pas inspiré à
plus de 40'000 membres dans le monde entier, et non plus aurait donné à tant des
âmes la force et la lumière qu'elles ne pouvaient pas trouver ailleurs, ni leur
aurait donné une réponse plus claire aux problèmes de la destinée humaine.
Guénon a fait pour notre mouvement ce qu'un historien malveillant aurait
pu faire pour l'Église catholique s'il avait seulement raconté les cruautés de
l'Inquisition, étudié minutieusement le massacre de la Saint-Barthélemy et
ignoré complètement le magnifique élan de foi religieuse qui a motivé la
construction de cathédrales, provoqué les croisades et envoyé des missionnaires
évangéliser le monde.
(Note
de Cid : je ne suis pas d'accord avec cette comparaison, parce que tandis que
la Société Théosophique originelle cherchait à libérer les gens du dogmatisme, par
contre l'Église catholique au contraire cherche à amener les gens vers son
dogmatisme. Et les croisades ont été aussi horribles que l'Inquisition.)
Je peux
difficilement résumer en quelques lignes l'essentiel des théories théosophiques
et je préfère que le lecteur consulte les ouvrages cités plus haut. Il suffit
de dire que l'objet fondamental de la Société Théosophique est « de former
un noyau de fraternité humaine, sans distinction de sexe, de race, de rang ou
de croyance ». Et c'est l'idéal de compréhension, d'ample tolérance et de
sympathie pour tout ce qui vit, ce qui constitue la base de la théosophie.
La théosophie
enseigne que chaque credo religieux est une expression de la vie divine, plus
ou moins parfait selon la race et le point d'évolution atteint. Et l'objectif
principal de la théosophie est de comprendre la majesté et la beauté de tout ce
qui existe, en percevant le divin en tout.
Évidemment un tel concept ne peut attendre la sympathie de ceux qui
prétendent posséder une révélation pleine, définitive et totale de la «vérité
divine», et qui reprochent avec mépris (et parfois amertume) à tous ceux
qui ne pensent pas comme eux.
Par contre la
conception de ceux qui cherchent à comprendre le meilleur de toutes les races,
qui croient que ce qui leur est commun avec toutes leurs manifestations religieuses
et artistiques est appelé à former une harmonie (comme celle des sphères que
les pythagoriciens entendaient), et que l'histoire de l'espèce humaine, comme
celle de chaque âme humaine au cours de ses réincarnations, est l'histoire de
l'esprit qui évolue dans la matière. Ceux-là sont des théosophes.
Et ils s'opposent
à l'idéologie d'un Dieu omniscient et transcendant qui a créé l'homme pour passer
une épreuve qui —en sa connaissance totale— sait que sa créature va échouer et
tiendra le conglomérat humain tout entier responsable de cette seule faute.
Faut-il ajouter que la thèse théosophique est renforcée
par les progrès quotidiens des sciences historiques à travers lesquelles nous
apprenons à mieux connaître et valoriser les civilisations du passé ?
Les doctrines
de la réincarnation et du karma satisfont bien mieux le besoin de justice au
fond de tout cœur, et bien plus que si on les compare à l'hypothèse qu'une
courte vie humaine est suivie d'un paradis ou d'un enfer perpétuels.
Mais une
éternité de punitions ou de récompenses empêcherait toute évolution ultérieure,
conditionnant ainsi au tout dernier moment de l'individu et mettant l'âme du
vandale et du vertueux sur un le pied d'égalité. « Soyez parfait, comme
votre Père qui est dans les cieux est parfait. »
Comment comprendre ce merveilleux dicton si une seule
existence fût tout ce qui nous était accordé ?
La croyance en
l'évolution de l'individu et de la race, qu’est le pilier qui soutient la théosophie,
impose certains devoirs à l'être humain. Il doit tourner le volant, comme l'a dit un grand instructeur, mettant
toute sa force dans le développement de la race humaine et favorisant toutes
les tentatives qui cherchent à apporter plus de fraternité et de solidarité
entre les différentes classes et ethnies.
Et c'est pour
cette raison que l’on trouve des théosophes dans tant de mouvements pour
promouvoir la justice et pour élever et instruire les classes inférieures. Guénon trouve ces tentatives ridicules et les
stigmatise comme du «moralisme». Et je lui réponds que si cela consiste
vraiment à vouloir une élévation du niveau intellectuel et éthique humain, et à
rendre chacun conscient de sa solidarité et de ses devoirs envers les autres —car
ils ont tous en eux une étincelle de vie divine— alors oui, les théosophes sont
des «moralistes».
Mais qui oserait les blâmer ? Ceux qui luttent contre l'alcoolisme
sont-ils critiqués ? N'est-ce pas ça l'une des pires malédictions qui
afflige le monde ? Ceux qui travaillent pour la Société des Nations
sont-ils réprimandés ? L'incompréhension entre les races n'est-elle pas la
cause constante des guerres ? Ne peut-on pas s'attendre à ce que l'idéal théosophique
de compréhension et de collaboration devienne aussi celui de tous les
individus ?
Certes, mettre
fin aux conflagrations ne mettra pas fin à l'effort et à la lutte contre le
mal. Mais le but de la Société Théosophique n'est pas le bien-être statique ou
une sorte de paradis terrestre, car le théosophe sait que dans tous les
domaines de nouveaux horizons s'ouvrent devant lui à mesure qu'il s'élève.
« Vous entrerez dans la lumière, mais vous ne toucherez jamais à la flamme »
dit La lumière sur le chemin, l'un des plus beaux livres jamais donnés à
l'humanité (21).
La théosophie a
redonné vie à beaucoup d'êtres, et l'homme d'action y trouve des raisons d'agir
plus noblement ; l'intellectuel trouve un système qui concilie ses besoins
religieux avec les exigences rigoureuses de la méthode scientifique ; le
religieux voit devant lui un idéal d'abnégation et d'amour qui l'élève
au-dessus de lui-même et lui apprend à atteindre une vie supérieure. C'est ce
que la théosophie a apporté à un certain nombre d'âmes, et que ces quelques
lignes apprennent à ceux qui la connaissent peu —ou qui la pensent mal— à mieux
la juger.
Remarques
1. Les
références aux sources et les numéros de page sont donnés dans le manuscrit
original pour faciliter la comparaison avec les éditions françaises utilisées
par Méautis. Cependant, les citations provenant de l'anglais sont données dans
leurs versions originales. Et les ajouts et notes du chercheur Joscelyn Godwin
qui a traduit le texte en anglais sont indiqués comme (tr).
2. Guénon
répond ainsi dans la dernière édition de son livre : « On nous a
reproché d’avoir fait un ample usage de ce qu’on a appelé "le pamphlet de
Solovioff, Une moderne prêtresse d’Isis,
œuvre d’un homme qui abusa indignement de la confiance que Mme Blavatsky lui
avait accordée". Mais nous répondrons à cela que Solovioff fut tout au
moins un philosophe de valeur, peut-être le seul que la Russie ait eu, et que
des personnes qui l’ont fort bien connu nous ont certifié que sa probité
intellectuelle était au-dessus de tout soupçon ; on lui a parfois fait grief de
sa tendance très slave à un certain mysticisme, mais ce n’est certes pas du côté
théosophiste qu’on serait fondé à lui adresser un tel reproche. » (Théosophisme,
p.319-20).
Guénon a confondu à tort Vsevolod Sergueyevich Soloviev (1849-1903), romancier, poète et auteur de A Modern Priestess of Isis
(traduction Walter Leaf, Londres : Longmans, Green & Co., 1895) avec son frère plus célèbre, le philosophe
Vladimir Sergueyevich Soloviev (1853-1900), qui a écrit une critique favorable de La clé de la théosophie de
Blavatsky pour le Russkoye Obozreniye ("Magazine
russe"), vol. IV, août 1890.
Voir les annotations de Boris de Zirkoff dans Blavatsky Collected Writings
(Wheaton : Theosophical Publishing House, 1966-1991), vol. VI,
p.446 ; vol. VII, p.334n. (tr)
3. CW
Leadbeater, Theosophical Talks at Adyar, deuxième série (Chicago : Rajput
Press, 1911), p.386-87 (tr)
4. HS
Olcott, Old Diary Leaves, première série (Adyar : Theosophical
Publishing House, 1941), p.462-63 (tr).
5. Comme
expliqué dans la note 1, les allusions entre parenthèses sont celles de
l'auteur. La source de cette citation est Blavatsky Collected Writings,
vol. 1 (Wheaton : Theosophical Publishing House, 1977), p.112 (tr)
6. « Je
pense (bien que je ne sois pas tout à fait sûr) que son idée [Blavatsky] et
Olcott est que ces phénomènes sont en quelque sorte produits par un grand frère
et "adepte" au Tibet » (Old Diary Leaves, première série,
p. 337, citation apparaissant en note de bas de page dans l'original. (tr)
7. Old Diary
Leaves, première série, p.237 (tr)
8. Parenthèses
insérées par l'auteur dans sa reproduction de la citation déjà adaptée de
Guénon. Source du
message : Lettre n° 8 dans W. Stanton Moses, « The Early Story of the
Theosophical Society », Light , 9 juillet 1892, p.330-32 ; 23 juillet
1892, p.354-57 (tr)
9. Old Diary
Leaves, première série, p.265 (tr)
10. Publié par
la Société Théosophique de Madras, 1885 (tr)
11. Franz
Hartmann, Rapport d'observations faites au cours d'un séjour de neuf mois au
siège de la Société théosophique à Adyar (Madras), Inde (The Scottish
Press and Graves Cookson and Co., 1884. (tr).
12.
C'est-à-dire le Dr Elliott Coues. Voir Old Diary Leaves, première série,
p.162 (tr).
13. Old
Diary Leaves, première série, p.163-65 (tr).
14. Faisant
écho à la devise théosophique « il n'y a pas de religion supérieure à la vérité ».
(tr)
15. Old
Diary Leaves, première série, p.11 (tr)
16. Old
Diary Leaves, première série, p.10-11 (tr)
17. Théosophisme,
p.280 : « Nous
ne croyons pas que les théosophes, ou occultistes ou spiritualistes soient à la
hauteur de réussir complètement dans une telle entreprise (préparant la venue
de l'Antéchrist), mais n'y a-t-il pas quelque chose d'également terribles
derrière tous ces mouvements que leurs propres dirigeants ne connaissent pas,
et à leur tour ce ne sont que leurs simples instruments ? » À la page 129, après avoir parlé des dangers
de la médiumnité et de l'obsession de certaines entités, Sinnett met en garde à
ses lecteurs, et Guénon ajoute : « Pour l'auteur et surtout, ces "êtres
qui flottent dans l'atmosphère" sont des "coquilles astrales",
mais en réalité ils pourraient constituer quelque chose de très différent :
il faut en savoir assez sur la vraie nature des "Pouvoirs" de l'Air ».
18. Par
exemple, il est évocateur de signaler que l'idée de remplacer le terme théosophe
par théosophiste pour désigner les membres de la Société Théosophique,
concept que Guénon développe au début de son livre, se trouvait déjà dans un article par le
commandant Courmes dans le Lotus Bleu, 1894-1895, p.335, sous le titre
"Théosophe et Théosophiste". Fait intéressant, les deux soulèvent des
arguments similaires tels que l'utilisation du mot «theosophist» en anglais. Guénon ne cite pas cet article, qu'il n'a
peut-être pas connu, mais il est encore plus audacieux de voir un farouche
adversaire de la théosophie embrasser les notions des théosophes eux-mêmes.
19. Théosophisme,
p.97 (tr).
20. C'est
exact ; voir A.P. Sinnett, Incidents in the Life of Madame Blavatsky
(Londres : Theosophical Publishing Society, 1913), p.156. Cependant, Guénon cite également la
lettre d'Elliott Coues publiée para le journal New York Sun (20 juillet
1890) comme sa «source» pour la célèbre bibliothèque du baron de Palm, et ajoute
dans l'édition augmentée : « Il apparaît que les propriétés mentionnées
dans son testament étaient inexistants, mais quoi qu'en disent les théosophes,
cela n'a pas empêché Madame Blavatsky d'utiliser le contenu de sa bibliothèque
comme le disait le Dr Coues, qui est la seule chose qui compte ici ». (Théosophisme,
p.324, tr)
21. Mabel
Collins, Light on the Path (pas de lieu de publication ni de date), The
Yogi Publication Society, première édition 1885, p.8 (tr).
(Ce texte fut
initialement publié dans une brochure intitulée "Théosophie et théosophisme : réponse à la critique contre la théosophie
faite par M. René Guénon", Paris, Publications théosophiques, 1922, signé par Paul Bertrand, qui est le pseudonyme littéraire utilisé par
Georges Méautis.
Je n’ai pas encore trouvé
le texte originel, celui-ci est une traduction au français à partir d’une
traduction qui a été fait à l’anglais.)
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