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DEUX DIRIGEANTS ROSICRUCIENS VISITENT À SPENCER LEWIS À NEW YORK

 
 
De nombreuses personnes sont devenues membres d’AMORC confiant en la parole de son fondateur,  Harvey Spencer Lewis, qui leur avait assuré que lui et son organisation étaient parrainés par l’Ordre rosicrucien français, mais étant de plus en plus sceptiques, ils lui ont demandé des preuves.
 
Lewis pour éliminer cette méfiance il a publié dans l'un de ses pamphlets intitulé L'Initiation Rosicrucienne (1917) ce qui suit :
 
« En septembre, après le début des activités de la Grande Loge d'Amérique à New York, Monseigneur Jérôme T. Verdier, magicien du Suprême Conseil de France à Toulouse, a rendu visite au Grand Maître [Spencer Lewis] et il a donné son approbation au projet d'établissement de loges d'état dans chaque État de l'Union américaine et de loges locales dans les principales villes. Les instructions finales, les sceaux et les documents secrets ont été remis au Grand Maître général d'Amérique [Spencer Lewis] après examen des procès-verbaux. » 
(p.16)
 
 
Cette lettre de M. Verdier a été reproduite dans la brochure Documents Rosicruciens (GLS AMORC Inc., 1975, p.7) et a continuation nous publions le fac-similé :
 
 
 
Et cette lettre dit ce qui suit :
 
 
1er septembre 1915,
 
MWGMG (Le Plus Digne Grand Maître Général) H. (Harvey) Spencer Lewis, FRC (Fraternité de la Rose-Croix).
 
Ville de New York, État de New York
 
Salutations à un frère
 
Je visite votre magnifique pays et ville en compagnie et en camaraderie avec le Mage Suprême (13ème Illuminati AMORC d'Angleterre) et ce serait un grand plaisir de vous présenter les salutations de l'Ordre Rosicrucien de France, pour autant veuillez m'accorder une interview informelle chez vous ou ailleurs ou à mon hôtel.
 
Je suis sûr que le Respecté Secrétaire de votre Grande Loge vous aura informé de ma visite officieuse dans votre pays, et bien que je ne pense pas pouvoir rester à New York plus que quelques jours (pendant mon chemin avec le Mage Suprême à la Grande Loge du Canada) J'aimerais que vous me donniez le plaisir d'examiner certains des rapports que vous avez préparés et de vous offrir toute aide ou tout conseil que vous pensez devoir ajouter aux instructions de notre Suprême Mage à la Grande Loge du Canada.
 
Si c'était possible j'aimerais m'arrêter au T... [Temple] de la Grande Loge d'Amérique dans son prochain conclave bien que je crains de ne pas pouvoir me faire comprendre aussi bien que je le voudrais. Comme toujours, nos salutations silencieuses me serviront comme en Angleterre.
 
Pourrais-je avoir, dans les plus brefs délais, la fixation de l'heure et du lieu de l'entretien, à votre convenance ?
 
Veuillez agréer, Frère, mes vœux de santé et de succès pour notre noble œuvre.
 
Fraternellement.
Jérôme J. Verdier.
13e FRC France
Hôtel Biltmore
New York.
 
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Cette lettre a été écrite dans un anglais impeccable et comporte quelques mots en français pour indiquer que la personne qui l'a écrite est un Français, cependant en l'analysant on trouve quelques petites curiosités, des grandes contradictions et des erreurs flagrantes.
 
 
1. Petites curiosités
 
La première curiosité est que la lettre est une lettre de vœux, il est donc impensable qu'un Français bien éduqué envoie en 1915, à une époque où les formulaires étaient très soignés, une lettre de vœux dactylographiée puisque le protocole français dicte qu'une telle lettre doit être écrite à main.
 
La deuxième curiosité est que l'en-tête de la lettre provient de l'hôtel Bilmore à New York, et bien qu'il soit vrai qu'un voyageur écrirait une lettre avec l'en-tête de l'hôtel où il séjourne, la chose la plus probable est qu'il n’avait pas de machine à écrire dans sa chambre, et encore moins en 1915.
 
Il se pourrait bien qu'il se soit rendu dans les bureaux de l'hôtel où on lui aurait pu prêter la machine pour écrire sa lettre, mais cela lui aurait compliqué la vie et comme je viens de le souligner, les bonnes manières françaises indiquent d'écrire à main, ce qui serait aussi la chose la plus pratique dans cette situation.
 
 
 
2. De grandes contradictions
 
Pourquoi Lewis n'a-t-il pas profité de l'occasion pour présenter M. Verdier aux membres d'AMORC ?
 
Pourquoi l'entretien n'a-t-il pas eut lieu dans la loge d’AMORC afin que d'autres puissent voir et saluer à M. Verdier et le Mage Suprême d'Angleterre ?
 
Pourquoi Lewis étant un photographe professionnel, n'a-t-il pas profité de l'occasion pour prendre une photo de M. Verdier et du Mage Suprême qui voyageait avec lui ?
 
Et comment se fait-il que M. Verdier voyageait avec le Mage Suprême d'Angleterre ?
 
Si Lewis avait précédemment déclaré que l'Ordre rosicrucien était totalement secret se trouvait à Toulouse et n'était composé que de quelques adeptes. Comment se fait-il qu'il soit maintenant aussi implanté en Angleterre et que la loge anglaise ait même son Magicien Suprême ?
 
Et comment se fait-il que les historiens de l'ésotérisme connaissent les divers Ordres rosicruciens qu’existaient en Europe, mais aucun des mentionnés par Spencer Lewis ?
 
Et en plus ces deux officiers rosicruciens voyagent à la Grande Loge du Canada !
 
Mais comment ce fait-il qu’une grande loge rosicrucienne a-t-elle pu déjà être fondée au Canada en septembre 1915 ?
 
Puisque Lewis avait affirmé que c’est à lui que les rosicruciens français lui avaient confié d’établir les rosicruciens en Amérique, et maintenant il s'avère qu'il y avait déjà une grande loge rosicrucienne dans le pays voisin.
 
Et si M. Verdier était si pressé, qu’est-ce qui l’empêchait de revenir plus tard à New York et de discuter avec les membres d'AMORC, profitant du fait qu'il parlait couramment l'anglais, afin de dissiper toute la méfiance qu’il y avait envers Spencer Lewis parce qu'il ne montrait aucune preuve valable ?
 
Il y a tellement des questions et des contradictions que nous ne pouvons qu'augmenter notre profonde méfiance et douter très sérieusement de l’authenticité de cette lettre.
 
 
 
3. Erreurs flagrantes
 
Mais le pire, c'est que cette lettre contient d'énormes erreurs. Pour commencer l'orthographe. M. Verdier a écrit la lettre en anglais en ajoutant quelques mots en français, mais tandis qu'il n'a pas fait des erreurs d’orthographe dans aucun de nombreux mots qu'il a écrits en anglais, par contre il a fait de graves fautes d'orthographe dans les quelque peu mots qu'il a écrit en français et qui est précisément sa langue maternelle.
 
En plus :
 
1) La lettre commence disant « Greetings to a Brother » qu’est la manière traditionnelle de saluer anglo-saxonne, mais par contre ce n'est pas la manière de saluer française où la lettre commencerait disant « Cher frère ».
 
 
 
2) Après le mot frère, il y a trois points en forme d'un triangle qui est un signe habituellement utilisé dans les confréries occultistes, mais dans la lettre le triangle est pointé vers le bas, tandis que dans toutes les organisations ésotériques authentiques, qu'elles soient maçonniques, théosophiques ou rosicruciennes, le triangle est pointé vers le haut.
 
Mais Lewis avait décidé de mettre les trois points vers le bas parce que le symbole qu'il avait choisi pour son organisation AMORC est une croix à l’intérieur d’un triangle inversé, bien que cela ne soit pas un symbole qui ait été utilisé par les vrais rosicruciens (voir lien).
 
 
 
3) Puis M. Verdier dit qu'il est accompagné d'un haut dignitaire rosicrucien d'Angleterre qui possède le 13ème degré des Illuminati, mais ceci n'a pas de sens parce que les Illuminati étaient les grands adversaires des rosicruciens comme l’a précisé l'ésotériste Franz Hartmann (voir  lien).
 
 
4) Puis dans la dernière ligne du deuxième paragraphe, dans les derniers mots est écrit « Supréme Concile ». Mais en français ça ne s’écrit pas Supréme Concile, mais suprême conseil. Et un Français instruit utiliserait les accents correctement car ils sont très importants dans la langue française.
 
 
 
5) M. Verdier signe : Jérôme J. Verdier. Mais il s'avère qu'un Américain signe de cette manière, le prénom est mis en premier, puis l'initiale du deuxième prénom et enfin le nom de famille.
 
Tandis qu’un Français, et plus encore un Français instruit, met ses prénoms et nom complets. Par exemple, si le deuxième prénom de M. Verdier avait été Jean, alors il aurait signé Jérôme Jean Verdier.
 
 
6) Mais ce qui est le plus déroutant, c'est que M. Verdier ne sait même pas écrire son propre prénom correctement puisque Jerome ne s'écrit pas comme ça en français, mais s'écrit Jérôme.
 
 
 
 
 
Conclusion
 
Tout ce montage est tellement invraisemblable qu'il ne peut être attribué qu'à un individu connaissant très peu le français, qui aimait falsifier des documents mais qui ne se soucie pas des détails, et qui est complètement sans scrupules.
 
Et tout cela correspond à Harvey Spencer Lewis, puisqu'il connaissait très peu le français, la quantité de documents qu'il a falsifiés est impressionnant mais avec de grosses bavures, et son manque d'éthique est encore plus flagrant. Et tout cela je vous l’ai montré dans le blog.
 
 
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Et ceci est un exemple de plus de l'immense charlatanisme de Spencer Lewis.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

SPENCER LEWIS ESSAYE DE LÉGITIMER AMORC


 
Après le mécontentement des membres d’AMORC parce qu'ils n’ont pas pu voir le mystérieux M. Verdier et le Mage Suprême, et ayant comme seule preuve de la légitimité d’AMORC une lettre plus que douteuse, ils lui demandèrent à Spencer Lewis de leur donner des preuves plus légitimes sur l'autorité qu'il avait pour fonder AMORC.
 
Lewis leur annonça qu'il allait demander aux plus hautes autorités rosicruciennes de France de lui envoyer des documents de reconnaissance et de parrainage pour leur montrer aux membres américains.
 
Et quelque temps après à travers l'une de ses publications, Spencer Lewis informa aux membres d'AMORC qu'il avait reçu un document de parrainage de l’Ordre rosicrucien français, émis le 30 septembre 1915 :
 
 
 
Cet avis a été publié dans le magazine The America Rosae Crucis de juillet 1916 (p.15) et il dit entre autres choses :
 
« Cet important document écrit sur du papier spécialement fabriqué et filigrané de l'Ordre français, est signé et recouvert du sceau de l'actuel Grand Maître Suprême de l'Ordre en France et de ses officiers, ainsi que le Grand Maître qui à l'époque avait initié l'Imperator américain dans l'Ordre.
 
(Mais il ne donne pas les noms de ces rosicruciens.)
 
Les signatures, dont certaines appartenaient à des hommes éminents des affaires militaires et gouvernementales françaises, sont accompagnées et marquées de leurs sceaux officiels correspondants, de différentes tailles et formes, et rendent ce document unique et attrayant.
 
(Cette affirmation est très délicate, surtout si l'on tient en compte que cette année-là, la France était en guerre avec Allemagne.)
 
Suspendu au document se trouve l'un des sceaux les plus curieux de l'Ordre, fait de cire et de papier, à l'ancienne, portant des marques et des mots étranges et inintelligibles.
 
Ce document était fermé dans une enveloppe en métal léger et résistant à l'humidité.
 
L'enveloppe était cachetée et portait le sceau de l'Ordre national français ou du Conseil suprême gravé sur le métal de la boîte, et portant non seulement les timbres poste nécessaires, mais aussi d'autres signes d'ordre militaire avec les notes d'approbation et d'examen à l'étranger. »
 
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Ce document n'a jamais été montré aux membres d'AMORC, Lewis a seulement publié une photographie peu visible dans un texte de présentation d'AMORC intitulé L'Initiation Rosicrucienne (1917).
 
Ce document est difficile de trouver, mais heureusement pour les chercheurs intéressés sur cette question, AMORC a par la suite donné son autorisation à une maison d'édition espagnole, Éditorial Roch, de publier plusieurs ouvrages d'AMORC en espagnol, et il s'avère que l'un de ces ouvrages, Le Manuel Rosicrucien, à la page 24 contient également cette image, et à continuation nous vous montrons le fac-similé de la publication en espagnol :
 
 
Sous l'image est écrit :
 
« Photographie du document original dans lequel l'Ordre Rosicrucien de France a parrainé AMORC aux États-Unis avec la Prononciation RCRF 987'432. Il a été envoyé dans une sorte de boîte en bronze et a été signé et scellé par les principaux dignitaires de l’Ordre Rosicrucien de France. Il est adressé à notre Imperator H. Spencer Lewis et constitue un trésor puisqu'il a été examiné et vérifié par le premier Suprême Conseil de l'Ordre des États-Unis. »
 
 
Mais cette affirmation est fausse parce que personne en dehors de Spencer Lewis n'a pu examiner ce document, et lequel a mystérieusement disparu puisqu'on n'en a plus jamais entendu parler. Par conséquent nous ne savons pas ce que disait ce « manifeste si important signé par les plus hautes autorités gouvernementales et militaire de France et avec les signatures et sceaux de deux Grands Maîtres Rosicruciens ».
 
Cependant, aujourd'hui nous avons l'aide d'une meilleure technologie afin que nous puissions faire des amplifications, des analyses et des comparaisons. Alors faisons-le commençant par agrandir l'image :
 
 
 
 
Cet agrandissement nous permet de voir un peu mieux mais on ne trouve rien de militaire ou de gouvernemental, sauf peut-être le timbre en bas à gauche où apparaît un triangle avec un R à l'envers et un F, ce qui laisse penser qu'ils sont peut-être les initiales de la République française, bien que de façon très étrange car dans aucun document français je n'aie jamais vu le R à l'envers, et encore moins à l'intérieur du symbole utilisé par AMORC, qui est le triangle inversé.
 
Il est vraiment très douteux que le gouvernement de la République française ait envoyé ce document à Spencer Lewis avec son parrainage engagé pour une organisation américaine «rosicrucienne», puisque le gouvernement français se maintient très éloigné de toute organisation religieuse, mystique ou ésotérique pour garantir sa neutralité, donc ça n’a aucun sens qu’il ait été si bienveillant envers AMORC.
 
Et si l'on prend en compte qu'à cette époque-là la France était débordée puisqu'elle se trouvait en pleine Première Guerre mondiale, ce document a encore moins de sens.
 
Et pourquoi envoyer ce document par le courrier au lieu de le faire par la valise diplomatique, étant donné la sensibilité du thème, et plus encore en temps de guerre, ce qui éveillerait des soupçons dans les services postaux français et américains, mais aussi dans les services de renseignements de la France et des États-Unis ?
 
Ces réflexions et le fait que Lewis ait évité à tout prix montrer ce document rendent très suspecte son authenticité.
 
On observe également que les cachets de ce que doit être le document, et les cachets en relief de l'enveloppe et du colis ont été retouchés. Ça c'était une technique très utilisée au début du XXe siècle pour corriger les images et qui consiste à modifier des négatifs à l'aide d'encre pour ajouter ou effacer des objets.
 
 
Voyons maintenant un agrandissement de l'étiquette du destinataire du colis et dans lequel malgré la mauvaise qualité de l'image on peut voir que le colis fut adressé à H. Spencer Lewis.
 
 
 
Et c'est justement en voyant mieux l'étiquette du colis où figure l'adresse postale de M. Lewis, que l'on découvre l'un des charlatanismes les plus éhontés et grossiers de Spencer Lewis, et cela explique pourquoi il n'a jamais voulu montrer le document original à personne et qu’AMORC n’a plus publiée cette photographie.
 
Et pour que vous puissiez en percevoir la supercherie, nous reproduisons ci-dessous l'image de la « Charte » délivrée et signée par Lewis à la Grande Loge d'AMORC de New York et qui apparaît dans toutes les éditions du Manuel Rosicrucien.
 
 
 
On peut voir que dans la marge inférieure droite se trouve la signature de H. Spencer Lewis.
 
 
 
Maintenant, à l'image de l'étiquette du colis postal où se trouve l'adresse postale de M. Lewis, nous mettons en bas la signature de Lewis, et le résultat est le suivant :
 
 
 
Et nous notons avec une véritable stupéfaction que l'écriture de Lewis correspond à l’écriture de l'adresse postale sur l'étiquette du colis, et face à cette preuve nous ne pouvons que supposer que Spencer Lewis s'est envoyé lui-même ce colis !!!
 
C'est une erreur si grossière qu'aucune des personnes qui ont examiné ces photographies ne peut comprendre comment Lewis a pu être si maladroit, et sûrement quand Lewis a pris conscience de son erreur, il a rapidement fait disparaître les preuves et c'est pour cette raison que la photographie ne s'est plus reproduite dans les livres d’AMORC, car plus d'un se serait rendu compte de l'étonnante coïncidence qui existe entre l'écriture de Lewis et la lettre de l'adresse à laquelle le colis est destiné. 
 
 
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Et ceci est un exemple de plus de l'immense charlatanisme de Spencer Lewis.